Retour au modèle productif | Entreprise

2024-07-14 06:50:00

Le changement du modèle de production est un thème récurrent dans le débat économique espagnol. Par rapport aux principaux partenaires communautaires, la croissance a été caractérisée par une volatilité excessive, une faible productivité et un chômage élevé, le tout se traduisant par un revenu par habitant qui languit, ce qui motive la remise en question des fondements sur lesquels repose notre économie.

Toutefois, ces dernières années, la volonté de changement a été soutenue par la manne des fonds européens. Et effectivement, quelque chose semble changer : après la succession de plusieurs crises dans un laps de temps très court, des signes d’amélioration du modèle sont détectés. Toutefois, la transformation en tant que telle reste une tâche en suspens.

La diversification de la structure productive, qui se traduit par une moindre dépendance au binôme construction-tourisme, en est l’une des principales évolutions. Pour une économie ouverte comme celle de l’Espagne, disposer de plusieurs pôles de compétitivité forts constitue un avantage. A cet égard, la performance des services non touristiques, l’expansion des énergies renouvelables et la relative résistance de l’industrie par rapport aux autres partenaires européens garantissent une plus grande résilience face à d’éventuelles chocs que dans les temps précédents. En outre, la croissance est plus robuste que lors des cycles expansionnistes précédents, car elle repose sur un solide excédent extérieur et n’est pas soutenue par une bulle financière, ni par des entreprises zombies qui survivent grâce à un crédit ultra bon marché. Le marché du travail semble fonctionner de manière moins cyclothymique, à l’instar du reste de l’Europe, bien qu’avec un chômage structurel clairement excessif.

Face à ces avancées, la principale caractéristique du modèle productif demeure, voire s’est accentuée : l’économie croît principalement en intégrant la main-d’œuvre, et de manière résiduelle en augmentant la productivité, ou en réduisant drastiquement le chômage structurel. On peut même dire que notre modèle additif s’est perfectionné, compte tenu de l’entrée de plus d’un demi-million de travailleurs étrangers au cours des deux dernières années.

Les données les plus récentes offrent peu de nouvelles : même si l’investissement productif ou l’investissement en équipement, variable clé pour débloquer la productivité, enregistre un rebond, il reste à la traîne par rapport aux niveaux d’avant la pandémie. Depuis 2015, les investissements n’ont augmenté que de 9 %, soit moins que les autres composantes du PIB, et également en dessous des records des autres pays européens. Par exemple, en Suède, l’un des pays leaders en termes de productivité, l’investissement productif a augmenté de 27 % au cours de la même période.

Les entreprises espagnoles disposent d’excédents qui ne sont toutefois pas entièrement utilisés pour accroître leur capacité de production. Le revenu disponible des entreprises (une variable obtenue en soustrayant les paiements d’intérêts, de dividendes et d’impôts de l’excédent d’exploitation) a augmenté plus que l’investissement, laissant aux entreprises une marge de manœuvre considérable pour se débarrasser de leurs dettes ou accumuler des actifs. Cette épargne financière équivaut à 12,6% du revenu disponible, dépassant les records de tous les autres grands pays européens. Au contraire, en Suède, le volume des investissements dépasse le revenu disponible des entreprises, de sorte qu’elles recourent au financement externe au lieu d’accumuler des actifs financiers ou de se désendetter.

Le volume de l’épargne financière pourrait se modérer, selon les comptes des entreprises du premier trimestre. La dette est tombée aux niveaux les plus bas du début du siècle, il est donc plus logique pour de nombreuses entreprises d’investir dans les affaires plutôt que de continuer à rembourser leurs prêts. La perspective d’une baisse des taux d’intérêt accélérerait ce processus, stimulant ainsi l’investissement. Le léger rebond de la demande de crédit détecté par la Banque d’Espagne dans sa dernière enquête est un autre signe. Cependant, à l’heure actuelle, il n’y a pas de tournant perceptible dans le modèle de production, ni de saut qualitatif grâce aux fonds européens.

Investissement

Selon les comptes financiers du premier trimestre de cette année, les entreprises disposaient d’une capacité d’épargne équivalente à 3,6% du PIB (en ajoutant l’épargne nette et les transferts de capitaux). L’excédent n’a été que partiellement affecté à l’augmentation des investissements productifs : la formation de capital a atteint 61 % de l’épargne disponible. Le reste de cette épargne a été utilisé pour réduire le passif, principalement en remboursant des emprunts, ou accumuler des actifs financiers, représentant respectivement 22% et 17% de l’excédent disponible. Parmi les actifs financiers les plus demandés, se distinguent les liquidités et les dépôts.

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