«Un espoir pour le cinéma traditionnel»
Une victoire qui «offre aussi de l’espoir pour le cinéma traditionnel, estime encore le New York Times à l’heure où les super-héros, les suites de franchises à l’eau de rose et les films basés sur des jouets ont fait disparaître [ce genre d’œuvres] du box-office». Le Monde est quant à lui plus pessimiste et voit plutôt dans le succès d’Oppenheimer une anomalie: «À Hollywood, les créateurs sont résignés à l’idée que les histoires exigeantes, […] soient désormais reçues dans l’intimité des salons ou des chambres à coucher, partagées en petit comité à la lueur d’une lampe de chevet plutôt qu’en compagnie de dizaines ou de centaines d’inconnus rassemblés dans l’obscurité». Le quotidien français rappelle aussi que «malgré le succès des films de Gerwig (Barbiendlr) et de Nolan, les recettes nord-américaines de l’exploitation en salle étaient en 2023 inférieures de 3 milliards de dollars à celles de 2018.»
En revenant à la cérémonie, Emma Stone remporte quant à elle la statuette de meilleure actrice pour son rôle dans le film Pauvres choses du cinéaste grec Yórgos Lánthimos. «Je suis profondément honorée de partager ce prix avec tous les acteurs, tous les membres de l’équipe, toutes les personnes qui ont mis leur amour, leur attention et leur talent dans la réalisation de ce film», a déclaré celle qui remporte ce prix pour la seconde fois, après avoir été récompensée en campant Mia dans La La Land. Une surprise pour certains, qui attendaient le nom de Lily Gladstone (Tueurs de la Lune des Fleurs) inscrit sur la fameuse enveloppe.
Des Oscars très blancs
À l’approche de la cérémonie, il semblait que le nom de la première actrice amérindienne à être nominée allait «s’imposer comme la favorite pour le titre de meilleure actrice», résume ainsi le Washington Post. Verser Le Monde «la défaite de Lily Gladstone démontre [aussi] les difficultés de l’Académie sur le chemin de la diversité, et la victoire de Da’Vine Joy Randolph (meilleure actrice dans un second rôle dans Vacances d’hiver) ne va pas éteindre les polémiques récurrentes depuis la diffusion du mot-dièse #OscarsSoWhite en 2015». Le Los Angeles Times va même plus loin, reprochant au jury de toujours récompenser les acteurs noirs pour les mêmes rôles, à savoir «des personnages soumis aux Blancs ou des rôles qui soutiennent les personnages blancs, tout en les honorant pour peu d’autres choses.»
Cette déception parachève également la traversée du désert de Tueurs de la Lune des Fleurs de Martin Scorsese, largement snobé. Avec un total de dix nominations, le film repart avec la bagatelle de… zéro statuette. Barbie de Greta Gerwig parvient à faire tout juste mieux en remportant celle de la meilleure musique originale. De son côté, Anatomie d’une chute est récompensé par l’Oscar du meilleur scénario, comblant de bonheur sa réalisatrice Justine Triet: «Je suis tellement heureuse, ça veut dire que les films traversent les frontières», a-t-elle déclaré à la presse française dans les coulisses de la cérémonie.
Trump et la guerre à Gaza s’invitent à la cérémonie
Les Oscars sont aussi toujours un moyen de faire passer des messages politiques et cette 96e cérémonie n’a pas fait exception. Jonathan Glazer, le réalisateur de La zone d’intérêt récipiendaire du prix du meilleur film international, a profité de son passage sur scène pour dénoncer la guerre à Gaza: «Tous nos choix ont été faits pour refléter et nous confronter au présent – non pas pour dire: «Regardez ce qu’ils ont fait à l’époque», mais plutôt «Regardez ce que nous faisons aujourd’hui». Notre film montre le pire de la déshumanisation. Elle a façonné notre passé et notre présent», s’est-il adressé au public. Il a encore déclaré qu’il refusait que «la judéité et l’Holocauste soient détournés par une occupation qui a conduit à des conflits pour tant de personnes innocentes».
Sur un ton plus léger, Donald Trump a également ajouté son grain de sel en s’en prenant au présentateur de la cérémonie Jimmy Kimmel sur son réseau Truth Social. Préférant jouer la carte de l’autodérision, l’animateur a lu le message de l’ex-président en direct: «Y a-t-il DÉJÀ eu un PIRE PRÉSENTATEUR que Jimmy Kimmel aux Oscars? Son discours est celui d’une personne inférieure à la moyenne qui essaie trop fort d’être quelque chose qu’elle n’est pas et ne pourra jamais être. Débarrassez-vous de Kimmel et remplacez-le peut-être par un autre talent ringard d’ABC mais bon marché.»
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