Retraités criminels : le chercheur en gériatrie Stefan Pohlmann sur un phénomène de plus en plus courant

Lorsque les personnes âgées deviennent des criminels, on pense au quatuor de Rhénanie du Nord-Westphalie connu sous le nom de « Rentner Gang » : deux couples mariés innocents, dont le plus âgé a 81 ans, ont kidnappé et fait chanter leur conseiller en investissement, qui leur a volé leurs économies. Ils étaient aisés, confiants, vifs – et en colère. Un crime typique dans la tranche d’âge « senior » ?
Ce qui est typique, c’est que cette « bande de retraités » a été perçue par le public comme extrêmement intéressante et avec beaucoup d’étonnement. Il en va de même pour le « Grandpa Gang », qui a commis des vols à main armée, ou pour un homme de 98 ans qui a fui la police dans une maison de retraite. De tels cas, mais aussi d’éminents criminels tels que le fraudeur fiscal Hoeneß, déforment le tableau. Non, l’étrange et le monstrueux sont l’exception lorsqu’il s’agit de crimes commis pendant la vieillesse. Cependant, beaucoup de gens ne peuvent pas imaginer que les personnes âgées commettent toute une série de crimes quotidiens. Cela contredit le stéréotype de l’âge.

Les personnes âgées sont-elles assimilées à des personnes respectueuses des lois et bien adaptées ?
Les seniors sont avant tout des victimes, mais pas des agresseurs : la plupart des gens le supposent. Les chiffres montrent une image complètement différente : pour chaque victime âgée, il y a près de trois suspects âgés. J’ai vécu une expérience amère en 2008 qui correspond à ceci : avec mon groupe de travail de l’Université des sciences appliquées de Munich, nous avons voulu étudier plus en détail le lien entre la délinquance et l’âge. Nous avons sollicité un financement public. Rejeté. Un expert est arrivé à la conclusion qu’il faut supposer que l’activité criminelle diminue généralement avec l’âge. En d’autres termes : cela n’en vaut pas la peine car il n’y a rien à rechercher. Comme si la tendance au crime était une batterie qui se déchargeait au cours de la vie !

Plus d’un quart de notre société est composé de personnes de plus de 60 ans. Toutefois, cette tranche d’âge n’est représentée que par environ 6 % dans les prisons. Cela ressemble à un petit groupe.
155 000 hommes et femmes de plus de 60 ans ont été suspectés en 2019. Ce ne sont pas si peu nombreux. Nous ne pouvons pas prétendre que nous savons déjà tout sur ce groupe. Même en vieillissant, les gens doivent se demander s’ils veulent ou non se conformer à la loi. Il faut résister aux tentations. Qu’est-ce qui est important à ce sujet ? Qu’est-ce qui pourrait conduire à davantage d’infractions à la loi ? Ces questions sont pertinentes.