Réussite haut la main : la perforation des barrages grâce à une prouesse technique.

Génie Hydraulique : Perforer les barrages, une prouesse technique réussie haut la main

Les barrages représentent des défis techniques colossaux. Mais il existe des entreprises spécialisées capables de réaliser de véritables prouesses pour percer ces ouvrages d’art et redonner au cours d’eau sa libre circulation. En effet, la réussite de ce type d’intervention repose sur une ingénierie de pointe et une expérience confirmée. Dans cet article, nous allons découvrir comment les spécialistes ont réussi la mission délicate de “perforer les barrages”.


Perforer un barrage en activité n’est jamais une bonne idée, sauf en cas de nécessité et si les moyens et les compétences sont disponibles. Si ce genre d’exploit est rare à l’échelle mondiale, il a été réalisé deux fois avec succès au Maroc. Le besoin croissant de volumes d’eau potable dans les régions de Marrakech-Benguerir et de Fès-Meknès a conduit à ces deux projets exceptionnels au niveau des barrages Idriss 1er et El Massira. Avec la baisse des niveaux des nappes phréatiques dans ces régions, il était logique de se tourner vers deux grands barrages pour les raccorder au réseau de traitement et de distribution d’eau potable. L’opération de perforation de ces structures hydrauliques était un défi complexe en raison des risques d’endommager les barrages et de causer des catastrophes si l’approche technique n’était pas suffisamment robuste et sécurisée.

Barrage Idriss 1er

Beaucoup n’ont pas remarqué que les villes de Fès et Meknès ont commencé à recevoir un appoint d’eau potable du barrage Idriss 1er depuis l’été dernier. Ce résultat a été rendu possible grâce à l’achèvement de travaux gigantesques de raccordement du barrage. Pour cela, les maîtres d’ouvrage ont d’abord choisi la technique à utiliser avant de construire une station de traitement en aval et de la raccorder à des conduits qui acheminent l’eau sur plus de 100 km à raison de 2000 litres par seconde. “Après une analyse technico-économique pour chacune des variantes (…), les coûts d’investissement ont permis de privilégier la solution de perforer le barrage par un passage cylindrique dans le corps du barrage. La solution retenue a fait l’objet d’une étude de faisabilité afin de démontrer que la stabilité globale du contrefort du barrage n’est aucunement affectée par la perforation et ne génère pas de fissuration/dépassement de contraintes admissibles au pourtour du percement”, indique un document de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable.

Barrage El Massira

À quelques centaines de kilomètres au sud, le même exploit a été réalisé au barrage El Massira. “Le chantier d’El Massira, pour sa part, a été achevé et opérationnel depuis l’année dernière et a servi de modèle pour reproduire la même expérience au barrage Idriss 1er. Ainsi, bien avant Fès et Meknès, les villes de Benguerir, Skhour des Rhamna et Marrakech ont été raccordées au barrage El Massira et bénéficient avec ce moyen d’un débit de 5 m³/seconde d’eau potable”, explique Kamal Hassan, chef de l’aménagement de la perforation des barrages El Massira et Idriss 1er (affilié au Département de l’Eau), ajoutant que le projet de phosphates de Benguerir a également bénéficié de cet apport industriel d’eau (2 m³/s). Avec l’accumulation de l’expérience acquise lors de la perforation du barrage El Massira, les travaux réalisés au barrage Idriss 1er ont pu être menés plus facilement et avec moins de coûts et de retards.

Une prouesse technique

“Nous avons pu économiser près de 100 millions de dirhams grâce à une meilleure maîtrise des niveaux de sécurité qu’il fallait mettre en place et des problématiques de fuites post-perforation”, ajoute la même source. Il convient de noter que le projet de raccordement du barrage El Massira a été rendu possible grâce à un soutien financier de la Banque africaine. Le projet de raccordement du barrage Idriss 1er a été partiellement financé par l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (travaux de perforation) et l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA). “Il s’agit d’interventions d’ordre stratégique qui intéressent de nombreux pays, d’autant plus que les savoir-faire techniques nécessaires pour les réaliser sont très rares. Grâce à ces deux projets menés avec succès, les ingénieurs marocains se distinguent actuellement à l’échelle internationale. Cela permet déjà à notre pays de valoriser ces nouvelles compétences dans d’autres projets similaires à l’échelle internationale et continentale”, conclut Kamal Hassan.

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