2024-05-03 14:15:20
Les propos de l’écrivain, compagnon du romancier décédé à l’âge de 77 ans, confiés aux réseaux sociaux : pas même le temps d’assimiler la perte avant qu’éclate le tollé
J’étais naïve, mais j’imaginais que ce serait moi qui annoncerais le décès de mon mari, Paul Auster. est mort chez lui, dans une pièce qu’il aimait, la bibliothèque, une pièce avec des livres du sol au plafond sur chaque mur, mais qui avait aussi de hautes fenêtres laissant entrer la lumière. est décédé le 30 avril 2024 à 18h58 avec nous, sa famille, autour de lui. Peu de temps après, j’ai découvert que, avant même que son corps ne soit retiré de notre maison, la nouvelle de sa mort circulait dans les médias et des nécrologies avaient été publiées.
Ni moi, ni notre fille Sophie, ni notre gendre Spencer, ni mes sœurs, que Paul aimait comme les siennes et qui ont été témoins de sa mort, n’avons eu le temps d’assimiler notre grande perte. Aucun d’entre nous n’a pu appeler ou envoyer un e-mail à ses proches avant le début du tumulte en ligne. Ils nous ont privés de cette dignité. Je ne sais pas comment c’est arrivé, mais je sais ceci : c’est faux.
Paul n’a jamais quitté Cancer Country. Le cancer s’est avéré être, selon les mots de Kierkegaard, la maladie qui mène à la mort. Après l’échec du traitement, son oncologue lui propose une chimiothérapie palliative, mais il a refusé et a demandé des soins à domicile. De nombreux patients subissent les ravages du traitement contre le cancer, et certains guérissent, mais ce que le monde médical appelle par euphémisme les effets indésirables deviennent souvent une réalité d’une crise après l’autre, causée non pas par le cancer, mais par les traitements. Les immunothérapies, qui agissent au niveau moléculaire, peuvent être particulièrement dangereuses. Les effets peuvent être mortels et nécessiter une intervention drastique, ce qui provoque à son tour un autre effet potentiellement mortel, qui nécessite une intervention supplémentaire, et le corps attaqué devient de plus en plus faible.
Paul en avait assez. Mais il n’a jamais montré de signes d’apitoiement sur lui-même, en paroles ou autrement. Son courage stoïque et son humour resteront pour moi un exemple jusqu’à la fin de sa vie. Il avait dit à plusieurs reprises qu’il aimerait mourir en racontant une blague. Je lui ai dit que c’était peu probable et il a souri.
(Traduction de Maria Sepa)
3 mai 2024 (modifié le 3 mai 2024 | 13h14)
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