La journée de ce mardi 13 juin a été longue pour Jean Rooble. L’artiste bordelais n’avait alors plus qu’une poignée d’heures pour achever la fresque qu’il avait débutée en milieu de semaine dernière sur la façade de l’espace Vera, à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). Pour cause, cette œuvre monumentale de 25 m réalisée sur l’un des nombreux bâtiments historiques de la ville doit être inaugurée officiellement ce mercredi à 18h30. C’est le premier temps fort du festival de street art « Dans et sur les murs » organisé tous les deux ans depuis 2016.
Au premier abord, le contraste pourrait étonner entre l’image de la cité royale et cet art né de la culture urbaine. Mais après quatre éditions du festival et la réalisation de plusieurs fresques pérennes qui se sont habilement fondues sur les murs de la ville, le street art a bel et bien fait son chemin ici.
Des œuvres soumises à des règles d’urbanisme strictes
« Nous ne sommes pas une ville-musée, explique Benoît Battistelli, le maire-adjoint à la culture. La jeunesse y a toute sa place, toutes les formes d’art aussi. On souhaitait permettre à cette esthétique de s’exprimer à Saint-Germain. Et on ne voulait pas que cela soit réservé aux seuls quartiers périphériques ».
Mais rhabiller les murs de bâtiments classés, comme celui de l’espace Vera, ne se fait pas sans cadre ni contrainte. « Tout cela est le fruit de discussions approfondies avec l’architecte des Bâtiments de France (ABF), reprend l’élu. Comme il s’agit d’un secteur sauvegardé, il y a des règles très précises afin que cette nouvelle forme d’art s’intègre harmonieusement au patrimoine urbain ».
Le consensus a donc été trouvé autour de « Sweet dreams », cette œuvre ultra-réaliste imaginée par Jean Rooble. Le peintre avait proposé l’image d’une femme allongée de tout son long dans ses draps. Pas une femme au hasard, la sienne. « Je travaille à base de photos. J’en ai pris une d’elles dans cette position, en travaillant le drapé. C’est un modèle un peu récurrent », reconnaît-il, en souriant.
Des peintures minérales « pour faire respirer les murs »
Jean Rooble raconte s’être au préalable inspiré des gravures de Paul Vera (l’artiste de Saint-Germain mort en 1957). « J’ai été pas mal touché par ce qu’il faisait. J’avais aussi remarqué les tons clairs des bâtiments aux alentours. J’ai choisi mes couleurs, des teintes chaudes qui se marient bien avec le reste ». Mais pas sa peinture. Consigne des Bâtiments de France, « il faut uniquement des peintures minérales pour que le mur respire », explique-t-il. Un défi de plus.
La deuxième fresque monumentale est réalisée par Matt Graff à l’espace Pierre-Delanoë de Fourqueux. Autre style, autre tonalité, l’artiste savoyard a prévu une composition représentant des enfants qui découvrent les différentes formes d’art. Baptisée « Éveil artistique », son œuvre sera inaugurée ce samedi 17 juin à 11h30.
Le programme du festival prévoit aussi des ateliers, des performances live ou encore une balade intitulée « Regard croisés » au musée Maurice-Denis en présence de la street artiste Lima (ce jeudi 15 juin à 15h30 sur réservation). Celle-ci animera, par ailleurs, une conférence sur le parcours d’une femme artiste au Quai des possibles ce vendredi 16 juin à 19 heures. À noter enfin qu’une visite guidée autour des œuvres de street art est organisée ce samedi 17 juin (14h30 à 16h30) par l’office du tourisme.
2023-06-14 17:17:00
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