A propos de faux appels téléphoniques et de vraie modestie : « Samschtig-Jass » fête sa 1000e diffusion
« Rought 20, fait 15, différence 5. » Le match a déjà été diffusé 999 fois à la télévision suisse. Une bien plus grande partie de la Suisse ne peut être compressée en une seule émission.
Ce qui unit la Suisse, c’est le « Samschtig-Jass ». Il y a eu 999 émissions et 58 ans à la télévision suisse. La 1000ème diffusion scintillera sur les écrans ce samedi. C’est une éternité télévisée.
Le « Samschtig-Jass » original en 1968 avec le présentateur Kurt Felix (à droite) et l’arbitre du Jass Göpf Egg (avant gauche). À cette époque, le spectacle s’appelait encore « Stöck – Wys – Stich ».
Image : SRF
Ou, comme l’appelle le service des relations publiques de la chaîne : « Le plus ancien programme de divertissement encore diffusé en Europe ». TV-Jassen survit évidemment à tout. Johnson, Nixon, Ford, Carter, Reagan, Bush senior, Clinton, Bush junior, Obama, Trump et Biden sont les présidents des États-Unis depuis l’introduction du format en 1967 (le 1er août, bien sûr). Et – ce n’est pas une prédiction particulièrement audacieuse – cela durera également au-delà du nouveau mandat de Donald Trump. Même lui ne peut pas interdire le « Samschtig-Jass ».
Pourquoi le public de la télévision suisse reste-t-il fidèle à l’émission ?
Fondamentalement, cette émission est fondamentale dans le monde télévisuel d’aujourd’hui. Une présentatrice bien coiffée (aujourd’hui Fabienne Gyr, qui a repris le mandat sous son seul nom Bamert) accueille toutes sortes de célébrités, semi-célébrités et gens ordinaires pour discuter dans des bars très soignés. Il y a souvent un peu de harcèlement et beaucoup de bavardages inoffensifs. La plupart du temps, l’essentiel qui se passe est : rien. Mais ce n’est notre rien. Une bien plus grande partie de la Suisse ne peut être compressée en une seule émission.
Cela ne prend que 36 cartes
Tout d’abord, il y a bien sûr le jeu lui-même. « Notre » jeu. 36 cartes. Puur, Näll, Ass. Loin des caméras de télévision, généralement diffusées dans la variante slider. Tellement stimulant que vous pouvez également parler de toutes les autres choses importantes de la vie quotidienne. Les règles s’apprennent rapidement et tout ce dont vous avez besoin est un jeu de cartes.
Mais ce n’est finalement pas si simple. Cartes françaises ou germano-suisse ? Croix ou gland ? Coeur ou rose ? Cela peut être discuté chaleureusement à la table Jass. Il s’agit d’un de ces conflits typiques de la Suisse dans lesquels les différences sont passionnément recherchées dans les moindres nuances, mais au final, c’est l’intérêt commun qui prévaut, en l’occurrence le Yesss. C’est la recherche du consensus. D’ailleurs, les deux feuilles sont utilisées dans le « Samschtig-Jass ». (Note de l’auteur : les cartes germano-suisse sont correctes.)
Vous n’avez pas besoin de beaucoup de talent pour apprendre le Jassen. Après un rapide blanchiment et un peu de pratique, tout le monde peut le faire. C’est pourquoi nous aimons regarder les autres pleurnicher. Ce n’est pas Roger Federer, qui ne nous montre que ses propres imperfections avec ses clichés miracles. Et Marco Odermatt non plus, dont les courses au tir nous font tous ressembler à des skieurs sur les pistes. On ne peut qu’être étonné en regardant.
En matière de chasse, nous sommes tous des experts
Mais lorsqu’il s’agit du « Samschtig-Jass », nous sommes tous des experts. Le roi aurait-il été meilleur ? N’aurait-il pas dû encore l’emporter ? L’annonce était-elle un peu audacieuse ? Notre avis est au moins aussi correct que celui du oui à l’écran. Habituellement même un peu plus correct. Nous pouvons prendre la décision sans stress et sans être observé par les caméras.
Contrairement au sport de haut niveau, vous n’avez pas besoin d’un corps de premier ordre pour pratiquer le jassing. Même avec une panse de bière ou une bande extérieure déchirée, nous pouvons tenir nos cartes. L’expérience, une bonne mémoire et un peu d’intelligence sont importants, les muscles et la vitesse ne le sont pas. C’est aussi l’une des attractions du « Samschtig-Jass » : nous pensons tous que nous pourrions devenir le roi du Jass. C’est d’ailleurs, outre celui de roi de la lutte, le seul titre de monarque toléré par la Suisse, gâchée par la démocratie directe.
Le modérateur Jürg Randegger (à droite) et l’arbitre Göpf Egg.
Image : Archives
Le spectacle joue le rôle d’un « faiseur de différence ». Une de ces variantes dans lesquelles le facteur chance doit être minimisé. Bien sûr, cela ne fonctionne pas vraiment (même si cela va ennuyer certains Jasspuristes). Cela contribue également à rendre le jeu compétitif, mais pas tenace. L’équipe perdante a toujours l’atout selon lequel l’autre joueur a eu plus de « chance aux cartes ». Et la gagnante sait aussi que cela n’a probablement pas seulement à voir avec sa tête. Cela garantit une certaine humilité et évite l’arrogance. À l’intérieur et à l’extérieur du spectacle.
Le Jasskönig remporte un modeste prix en argent
Nous, les Suisses, sommes sceptiques quant à tout ce qui est exceptionnel – tous les autres rois et reines. Le « Samschtig-Jass » est juste assez de compétition sur laquelle tout le monde peut s’entendre. Cela n’offense rien. Le prix en argent est correct, mais pas au point de déclencher des débats jaloux. Marcel, le Jass King 2024, vient de remporter 12’000 francs. Cela ressemble à un nouveau vélo électrique plus deux semaines en Crète avec toute la famille dans un hôtel tout compris et non à une vie de luxe.
Cela aussi, c’est vivre terre-à-terre. Quoi qu’il en soit, tout dans ce spectacle sent désormais la douce moyenne. Les apports musicaux des stars invitées ainsi que du public soigneusement agencé. Et si c’est drôle, ce sera drôle sans que personne ne soit piétiné. Nous gardons de bons souvenirs du Cabaret Rotstift (Jürg Randegger avec Werner von Aesch et Heinz Lüthi), qui nous a expliqué de manière pointue les règles du Jass devant la porte du restaurant « Im Scharfe Egge ». Divertissant mais éducatif et servi de manière à ce que tout le monde aime écouter.
La télévision pour tous. C’est ce que veut être « Samschtig-Jass ». Le fait que cela donne l’impression que cela semble un peu primitif, un peu démodé et peut-être un peu ennuyeux est absolument évident. Il s’en tient à ce qui a fait ses preuves. De nombreux autres programmes de divertissement auxquels le programme Jass a survécu ont échoué en raison de nouveaux concepts et de développements ultérieurs, car ils semblaient insuffisamment modernes aux yeux des hauts responsables de la télévision de leurs pays.
Monika Fasnacht et Ernst Marti ont formé pendant de nombreuses années le duo de modération.
Image : Archives
Le « Samschtig-Jass » est plutôt un type de maison rénovée. Il y a toujours un peu de « contrôle » en cours, mais les grandes révolutions ne se produisent pas. L’émission a été déplacée du studio vers différents endroits, une interdiction de fumer a été déclarée et on a même vu un passage de la diffusion en noir et blanc à la couleur (une modernisation excessive a été rapidement annulée après des protestations). Les modérateurs ont changé (Kurt Felix, Jürg Randegger, Monika Fasnacht, Reto Scherrer, Fabienne Gyr).
Le génie du téléphone à côté
Le « Samschtig-Jass » n’était pas toujours diffusé le samedi, mais était également diffusé d’autres jours de la semaine et s’appelait initialement « Stöck – Wys – Stich ». La série a même pris quelques années de repos dans les années 1970. Mais tout cela ne fait que nuire à la création de légendes sur le « plus ancien programme de divertissement encore diffusé en Europe ».
Mais un petit « Minibitzeli bschiissee » fait partie du Jassing (ce qui à son tour va contrarier les Jasspuristes). « Samschtig-Jass » fait aussi cela. Le jaspe du téléphone – comme tout le monde le sait depuis longtemps – n’est pas assis au téléphone à la maison, mais est également présent lors de l’enregistrement (dans une pièce séparée). Techniquement, ce serait également une entreprise difficile : l’émission n’est pas diffusée en direct, donc les conversations téléphoniques seraient plutôt des conversations par appel vidéo, et personne ne veut vraiment cela.
Le jasser téléphonique est le Père Noël pour tous à partir de 9 ans. Il représente le divertissement léger. Pour un monde qui ne soit pas composé de tyrans et de despotes, mais de rois oui. En fait, on sait déjà qu’il n’existe pas, et pourtant, il est parfois agréable de croire en lui. Même si ce n’est qu’une bonne demi-heure, c’est la durée du « Samschtig-Jass ».
La 1000ème diffusion sera diffusée sur SRF 1 le samedi 4 janvier à 20h10
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