Scandale de pollution aux PCB en Wallonie : la colère gronde et les politiques réagissent

Scandale de pollution aux PCB en Wallonie : la colère gronde et les politiques réagissent

Une vague de colère se fait sentir. Dans une situation évoquant la crise des PFAS, l’écologiste est accusé d’avoir autorisé plusieurs recycleurs de métaux en Wallonie à ne pas respecter les critères fixés dans leurs permis. L’enquête a révélé des dépassements de polluants cancérigènes, les polychlorobiphényles (PCB), qui atteignaient jusqu’à 600 fois les normes sur certains sites. Ce dépassement aurait été rendu possible par l’assouplissement des normes environnementales par la ministre Tellier.

“Peut-on encore croire ce que vous nous racontez ?” s’indigna François Desquesnes, chef de groupe Les Engagés, soulignant que la ministre avait affirmé qu’il n’y aurait pas d’impunité pour les broyeurs à métaux. “Votre logique de dire “il n’y aura plus d’impunité” est un peu facile car vous avez changé les règles du jeu.”

La députée Fatima Ahallouch (PS) s’est inquiétée des chiffres de dépassement, les qualifiant de “affolants“. “C’est trop, beaucoup trop.” a-t-elle ajouté.

Jori Dupont a proposé de créer des Zones d’Investigation Prioritaire (ZIP) autour des sept broyeurs polluants situés en Hainaut, à Liège, dans le Luxembourg et à Namur. Le député PTB a critiqué la communication de la ministre, évoquant une double réalité. “Vous avez décidé de ne plus punir les entreprises qui dépassent les normes. Vous les invitez simplement à ne plus les dépasser. Cela contraste avec vos prises de position engagées. Avant de proposer un nouveau slogan à Ecolo. “Au lieu de “Plus vert, plus juste”, je vous propose “Dire des choses, faire l’inverse”.

Jacqueline Galant (MR) a également souligné un problème de communication. “Il faut donner des messages clairs“, a-t-elle déclaré, regrettant qu’il faille à chaque fois “attendre une émission” pour savoir quelle pollution va toucher les Wallons. “Quand cela vient d’une ministre Ecolo qui fait de la protection de l’Environnement son étendard, c’est inaudible pour les citoyens” a déploré Nicolas Tzanetatos (MR).

Même dans le camp de la ministre, des interrogations ont été soulevées sur le changement de position. “Quels sont les éléments que votre administration a mis en avant pour vous conseiller de prendre une telle position [contre les recours déposés par le secteur industriel] ?” a demandé Christophe Clersy (Ecolo).

Depuis novembre 2019, la Wallonie a suivi trois grands axes pour protéger la santé des riverains, a expliqué Céline Tellier. Le premier : obliger les entreprises à réduire leurs émissions polluantes en révisant l’ensemble des permis d’environnement des broyeurs concernés. “Ce sont les normes les plus strictes d’Europe.

Deuxième axe : “Nous avons fait réaliser une étude sur la caractérisation des flux qui entrent dans les flux de cheminée des broyeurs pour trier et éviter ce qui peut produire des pics de contamination.” La ministre a souligné que les risques liés aux PCB proviennent de l’ingestion plutôt que de l’inhalation. “C’est en mangeant du sol contaminé que le risque existe“, a-t-elle précisé, expliquant que la région wallonne a formulé une série de recommandations à l’attention de la population. En parallèle, des équipes sous les ordres de la ministre Tellier ont réalisé une “biosurveillance humaine“.

Troisième axe : “Un bilan environnemental approfondi”. La région wallonne a mis en place des ZIP, a assuré l’écologiste.

Ces trois axes ont permis “un abattement significatif des émissions canalisées, de l’ordre de 72 à 95%“.

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Ce n’est qu’après ce préambule que la ministre de l’Environnement a répondu à la question que tout le monde se posait : pourquoi avoir changé la catégorisation des valeurs à ne pas dépasser, les faisant passer de contraignante à indicatives ? Parce que l’outil technique pour contrôler les valeurs n’est pas encore suffisamment précis et peut être contesté.

“Pour des enjeux de sécurité juridique. Le contrôle est à ce jour réalisé par le biais de jauges Owen, des bidons surmontés d’un entonnoir qui récoltent les données atmosphériques et qui sont disposés à certains endroits sur le site ou à proximité du site. Ces données font l’objet d’analyses en laboratoire pour déterminer les concentrations de différents polluants organiques. Le problème est que ces bidons vont récolter toutes sortes de poussières et ne sont absolument pas sélectifs. Il est très facile pour une entreprise d’aller en recours juridiques par rapport à un tel outil pour lequel l’autorité publique ne serait absolument pas en mesure de prouver que la source de ces polluants est directement le broyeur.

Des réponses qui ne semblent pas avoir satisfait les députés. “Il faut savoir où l’on va” a critiqué Nicolas Tzanetatos. “Personne n’est dupe de ce qui motive certaines prises de parole” a conclu Christophe Clersy (Ecolo), suggérant que les critiques à l’encontre de la ministre Ecolo ne visaient qu’un intérêt électoraliste.

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