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Seins, le sein vu à travers l’art

by Nouvelles

2024-08-02 12:00:00

Une trentaine d’artistes de différentes époques et régions du monde. Thème commun : le sein, sa représentation, son sens à travers les époques et les cultures. Le sein comme maternité, pouvoir, fragilité, sexualité, féminisme, vie, maladie. Comme objet et sujet.

C’est Seins, une exposition collective dans le cadre de la 60ème Biennale Internationale d’Art de Venise (jusqu’au 24 novembre, dans l’historique Palazzo Franchetti) qui va de la peinture à la sculpture, de la photographie au cinéma, en passant par les visions d’artistes de la Renaissance, modernes et contemporains. Et qui veut amener l’observateur à réfléchir sur le sein comme un élément « catalyseur des réalités socio-politiques », capable de « remettre en question les traditions historiques et d’exprimer les identités personnelles et collectives ».

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Retracer l’histoire, en 5 “chapitres”

Le parcours est divisé en 5 « chapitres » conceptuels et sillonne autant de salles. « Le fil conducteur de toute l’exposition est la narration du sein et, par conséquent, du corps féminin à travers le temps, avec des œuvres anciennes et récentes en dialogue continu les unes avec les autres – explique-t-il à Santé du sein le conservateur Caroline définitivement – Je me suis inspiré du travail de l’artiste trévisois Laura Pannon, qui a consacré la majeure partie de ses 40 ans de carrière à l’imagerie du sein. En observant ses œuvres, l’idée m’est venue d’amener à l’exposition des artistes qui ont représenté le sein d’une manière ou d’une autre, pour réfléchir sur ses multiples significations.”

Le sein, de 1500 à aujourd’hui

Ce n’est pas un hasard si dans la première salle nous partons de l’iconographie classique de Madone au laitavec une œuvre de Bernardino del Signoraccio (ca. 1460-1540), pour “traverser” un Nu de femme par Giorgio de Chirico en 1930, et atteindre des artistes contemporains comme Cindy Sherman (Portraits d’Histoire1989) et Teniqua Crawford (Fragment Horizon2023), et les sculptures de Sherrie Levine (Masque pour le corps2007) et Richard Dupont (Baigneurs2023).

Paa Joe x Charlotte Colbert, Breasts Stool, 2023, Bois, 78 x 53 x 38 cm, Avec l’aimable autorisation de la collection Philip et Charlotte Colbert, Londres.

La chambre des merveilles

La deuxième salle est une sorte de wunderkammer dans laquelle on trouve surtout de petits chefs-d’œuvre sculpturaux, comme Prière de toucher (Veuillez toucher) de Marcel Duchamp, inspiré de la couverture de Le Surréalisme en 1947 avec des seins en mousse. La salle abrite également des œuvres en verre et bronze vénitiens – Œil Nourricier #6 (L’oeil qui nourrit, 2021) – créé par la Française Prune Nourry, à qui on a diagnostiqué un cancer du sein à l’âge de 30 ans et qui a consacré nombre de ses travaux à cette maladie. Comme il l’écrit dans une note accompagnant l’ouvrage, « les seins symbolisent Eros et Thanatos – l’incarnation du désir et de la nourriture, en contraste avec la maladie et la mortalité ». Parmi les peintures se distingue la femme de rêve de Salvador Dalí, Nu aux seins d’escargot (1967).

Le corps photographié

La troisième salle est dédiée à la photographie : de celle surréaliste de Robert Mapplethorpe et Irving Penn, à celle publicitaire, sociale et provocante d’Oliviero Toscani, en passant par celle intimiste du Britannique Philippe Garner et du Japonais Nobuyoshi Araki, avec les célèbres portraits de leurs épouses.

«Pour cette partie de l’exposition – explique le commissaire – j’ai sélectionné principalement des artistes masculins, car je souhaitais également montrer les pensées masculines sur les seins et les seins comme objet marketing». L’ouvrage intéressant est également présent Tétrarque (Claudia Schiffer) de Christopher Bucklow, dans lequel l’image a été créée en projetant la silhouette du célèbre mannequin sur une feuille d’aluminium à travers plus de 25 000 trous d’épingle.

Robert Mapplethorpe, Breasts/Lisa Marie, 1987, tirage gélatino-argentique, 61 x 53,3 cm, avec l'aimable autorisation de la Mapplethorpe Foundation, New York.

Robert Mapplethorpe, Breasts/Lisa Marie, 1987, tirage gélatino-argentique, 61 x 53,3 cm, avec l’aimable autorisation de la Mapplethorpe Foundation, New York.

Critique pop

La quatrième salle est pop : ici la poitrine est représentée de manière abstraite, parfois ludique, à travers des œuvres de femmes comme Laura Panno, Aurora Pellizzi, Laure Prouvost, Masami Teraoka. Les références au consumérisme et au matérialisme sont évidentes. Mais la réflexion sur l’identité, la remise en cause du regard et des stéréotypes masculins, l’acceptation du corps et de soi émergent aussi clairement, même et surtout après le cancer.

Tel est le message de l’œuvre Mastectomie Maméria de Charlotte Colbert qui – lit-on dans la description – est “un monument au pouvoir, à la nature régénératrice et au potentiel du corps”, tandis que l’œuvre de Chloe Wise, créée expressément pour cette exposition, représente une parodie de la vision encore existante des femmes et son corps.

Un voyage onirique

Enfin, la dernière salle est dédiée au cinéma, avec la projection du court métrage de Laure Prouvost Quatre beautés à voir. Tourné en 2022, le film de 15 minutes met parmi ses sujets le fils nouveau-né de l’artiste et constitue un voyage onirique à travers les différentes étapes de la vie.

L’art pour sensibiliser

Le thème du cancer du sein, comme nous l’avons vu, ne pouvait manquer à l’exposition (ses sponsors sont Intimissimi, Polytech, Vontobel et Rubelli) : « L’objectif de ce collectif est également de sensibiliser un large public au cancer du sein. par le canal de l’art – souligne Pasti, qui publie dans le catalogue une longue et belle interview avec Prune Nourry: l’artiste raconte le parcours cathartique qui, à travers l’art, lui a permis de retravailler la maladie. « 30 % des bénéfices des ventes du catalogue seront reversés à la Fondation Ieo-Monzino de Milan, pour soutenir la recherche. Mais l’expérience – conclut Pasti – ne s’arrêtera pas avec l’exposition : nous organisons déjà diverses initiatives pour l’automne prochain et je collabore au projet Femme x Femme promue par l’association Belle après le cancer du sein Italie“.

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