Il a commencé à travailler le jour de ses 18 ans, à la clinique Saint-François, à Mainvilliers. Wilfried Pelletier était alors loin de se douter que, huit ans plus tard, il devrait renoncer au métier qu’il s’était choisi adolescent.
Ce jeune diplômé d’un BEP accompagnement, soins et services à la personne, qui habite à Chartres, a occupé différents postes. Il a nettoyé les blocs opératoires, ramassé les pommes de terre, travaillé dans plusieurs Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) avant de s’orienter vers l’aide à domicile. « J’étais devenu responsable de secteur dans une association. J’ai aussi suivi une formation de pâtisserie à distance, par passion. »
Il y a deux ans, Wilfried Pelletier a démissionné de son emploi, qui ne lui convenait plus. Mais la maladie génétique dont il est atteint a mis un frein à ses ambitions de continuer à travailler dans le secteur des soins et des services à la personne. « J’ai des problèmes au niveau des jambes, du dos et des bras », explique-t-il. Il précise :
« Je suis aujourd’hui en situation de handicap même si je ne l’ai pas encore acceptée. Je ne m’imaginais pas devoir changer de secteur professionnel aussi tôt dans ma carrière. »
Wilfried Pelletier (Travailleur en situation de handicap)
C’est sa conseillère Pôle emploi qui l’a poussé à déposer un dossier de travailleur handicapé. C’est aussi elle qui lui a proposé de participer, lundi 14 novembre dans l’après-midi, à l’espace Jean-Moulin, à Champhol, au forum de recrutement organisé dans le cadre de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées. CV à la main, Wilfried Pelletier y est allé « au culot » face aux employeurs potentiels.
Du jugement à l’écoute
« Comme des formations en interne sont possibles, j’ai tenté ma chance même dans des domaines que je ne connais pas. »
« Ce qu’il me faut désormais, c’est un poste administratif, dans le milieu social de préférence, mais je m’adapte. Je viens de passer un entretien pour être assistant administratif dans le secteur logistique. Je n’y ai aucune expérience mais l’envie de travailler et la volonté sont là. »
Atteint physiquement par la maladie, Wilfried Pelletier souffre aussi moralement. Du regard de certains collègues lorsque le corps lâche en plein travail. Du jugement de l’employeur aussi, parfois, qui ne trouve plus son salarié assez efficace.
« Beaucoup d’employeurs ont du mal avec les personnes qui ont des handicaps ; je l’ai vécu. Heureusement, certains collègues comprennent et nous soutiennent. »
« Quand on est travailleur handicapé, on est dans une case. Je ne demande pas de la tendresse mais juste la possibilité de revenir dans le milieu professionnel. »
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Le forum de recrutement de Champhol marquera sans doute une étape pour Wilfried Pelletier. Face aux employeurs potentiels, sensibilisés au travail des personnes handicapées et prêts à adapter les postes, il a senti une véritable écoute.
« Ici, on voit le côté humain », reconnaît-il. « Je veux juste qu’on me regarde comme tout le monde et qu’on me laisse travailler. »
Laurence Franceschina
laurence.franceschina@centrefrance.com
