Séoul exige que les troupes nord-coréennes quittent immédiatement la Russie

La Corée du Sud a convoqué l’ambassadeur de Russie, demandant le “retrait immédiat” des troupes nord-coréennes qui, selon elle, sont entraînées pour combattre en Ukraine.

Environ 1.500 soldats nord-coréens, dont ceux des forces spéciales, sont déjà arrivés en Russie, selon l’agence de renseignement de Séoul.

Lors d’une réunion avec l’ambassadeur Georgiy Zinoviev, le vice-ministre sud-coréen des Affaires étrangères Kim Hong-kyun a dénoncé cette décision et a averti que Séoul “réagirait avec toutes les mesures disponibles”.

M. Zinoviev a déclaré qu’il relayerait ses inquiétudes, mais a souligné que la coopération entre Moscou et Pyongyang s’inscrivait “dans le cadre du droit international”.

On ne sait pas à quelle coopération il faisait référence. L’ambassadeur n’a pas confirmé les allégations selon lesquelles la Corée du Nord aurait envoyé des troupes combattre aux côtés de l’armée russe.

Pyongyang n’a pas non plus commenté ces allégations.

La Corée du Sud accuse depuis longtemps le Nord de fournir à la Russie des armes destinées à la guerre contre l’Ukraine, mais elle affirme que la situation actuelle va au-delà du transfert de matériel militaire.

Certains médias sud-coréens suggèrent que jusqu’à 12 000 soldats nord-coréens devraient être déployés.

“[This] menace non seulement gravement la Corée du Sud mais aussi la communauté internationale”, a déclaré Kim lundi.

Moscou et Pyongyang ont intensifié leur coopération après que leurs dirigeants Vladimir Poutine et Kim Jong Un ont signé en juin un pacte de sécurité et s’engagent à ce que leurs pays s’entraident en cas d’« agression » contre l’un ou l’autre pays.

La semaine dernière, Poutine a présenté un projet de loi visant à ratifier le pacte.

Le déploiement de troupes par Pyongyang pour combattre la Russie “marquerait une escalade significative” du conflit, a déclaré lundi le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte.

Lors d’un appel téléphonique avec Rutte lundi, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a exhorté l’alliance à explorer des « contre-mesures concrètes », ajoutant qu’il prendrait des mesures pour renforcer la coopération en matière de sécurité entre la Corée du Sud, l’Ukraine et l’OTAN.

Le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy, en visite à Séoul, a qualifié les actions russes de “imprudentes et illégales”, ajoutant que Londres travaillerait avec Séoul pour réagir, selon le bureau de Yoon.

Les États-Unis et le Japon ont également condamné le renforcement des liens militaires entre la Corée du Nord et la Russie.

Par ailleurs, en réponse à une question de la BBC sur la prétendue coopération entre la Corée du Nord et la Russie, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine espérait que toutes les parties travailleraient à la désescalade de la situation et chercheraient une solution politique à la crise ukrainienne.

Certains experts de la défense ont déclaré à la BBC coréenne que l’implication de la Corée du Nord pourrait compliquer la guerre.

“L’implication de la Corée du Nord pourrait ouvrir la porte à une plus grande participation internationale au conflit, attirant potentiellement davantage de pays”, a déclaré Moon Seong-mok, de l’Institut coréen de stratégie nationale.

“La communauté internationale va probablement accroître les sanctions et la pression sur la Russie et la Corée du Nord, mais il reste à voir si l’implication de la Corée du Nord profitera réellement à l’un ou l’autre pays”, a déclaré le Dr Moon.

Mais d’autres estiment que les unités militaires russes auront des difficultés à intégrer les troupes nord-coréennes sur leurs lignes de front.

Hormis la barrière de la langue, l’armée nord-coréenne n’a aucune expérience récente du combat, ont-ils déclaré.

Valeriy Ryabykh, rédacteur en chef de la publication ukrainienne Defence Express, a déclaré que les soldats nord-coréens pourraient être invités à garder des sections de la frontière russo-ukrainienne, ce qui libérerait des unités russes pour combattre ailleurs.

“J’exclus la possibilité que ces unités apparaissent immédiatement sur la ligne de front”, a-t-il déclaré.

Reportages supplémentaires de Sangmi Han, Jake Kwon et Hosu Lee à Séoul

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