Serrat dit au revoir à Madrid pour toujours

Serrat dit au revoir à Madrid pour toujours

L’idée que la Méditerranée pouvait avoir dans les hautes terres ibériques a probablement changé – ou s’est finalement forgée – le jour où ses habitants ont entendu la chanson mythique de Joan Manuel Serrat. L’impact qu’il a causé sur l’imagerie du plateau a dû être comparable à celui de la lumière et du sel que Joaquín Sorolla avait capturés sur ses toiles. Mais Serrat irait plus loin, il ferait de cette mer une collègue querelleuse dont l’éclat et la saveur, dirait-il, ont fait son enfance. Une mer qui agitait la raison et abritait le désir d’amour et de mort.

quand sonne méditerranéen De petites lumières se sont allumées, les golas se sont excités en essayant de chanter le refrain. C’était l’amour de Madrid avec préavis. Ce que la politique veut séparer territorialement peut être rejoint sans grand effort par le poète avec ses mots maigres mais complices. Madrid l’a reçu hier dans son deuxième concert de Le vice du chant la tournée d’adieu, avec les 12 000 places du WiZink Center sold out.

“Il reste de moins en moins de concerts, j’espère qu’on arrivera au bout, c’est émouvant”

Serrat, qui a la vertu de se libérer des autres sans cesser d’être avec lui-même, a montré sur son visage le poids de la décision prise : « Il reste de moins en moins de concerts, maintenant je peux facilement les identifier. J’espère qu’on arrivera au bout, c’est tellement émouvant qu’on ne sait pas si le corps va réagir…” Chaque jour de ce mois de décembre il faut être un peu plus préparé à affaler les voiles et à rentrer les filets, quelle que soit la pêche et quel que soit l’appel de la mer. Il ne reste plus que quatre concerts : aujourd’hui un de plus dans la capitale puis trois à Barcelone. Du haut de ses 78 ans enviables, il a réuni quatre ou cinq générations de fans – qu’il est bon de ne pas compter – qui, qu’ils soient enfants, mamies, visionnaires ou analphabètes, ont été entraînés sans boussole par ses classiques : Lucía, Pour la liberté, En carton, Je ne fais que penser à toi, Ton nom a pour moi le goût de l’herbe, Aujourd’hui pourrait être un grand jour, Cantares, Penélope, La saeta … en plus d’un couple en catalan, Berceuse, et peut-être arriverait-il mots d’amour

Cher ici et partout, lors de cette tournée de 70 concerts à travers douze pays d’Amérique latine et le territoire espagnol – tantôt avec des paroles du Nicaraguayen Ernesto Cardenal, tantôt du Mexicain Jaime Sabines… – il a été confirmé que le monde l’adore. Et Madrid plus. Ou le même, mais au pluriel. En ce moment, il doit y avoir plus indépendant Agacé par “leur soutien” pour 155 à des moments sensibles de l’histoire de la Catalogne qu’attaché au plateau doutant de leur hispanité. Le garçon du Poble Sec il dribble les uns après les autres avec le fouet de sa cohérence, pas de son inflexibilité. Amoureux des cultures, de la poésie et de leurs langues, attaché au progrès de l’humanité, ce retraité jubilatoire dont la voix semble rajeunir à chaque trille continue de ne pouvoir éviter de regarder par la fenêtre, et peut-être s’est-il enfui avec la nymphe qui passait par là sur un vélo, comme il dit, la chanson, ou pensez à donner au plafond « une couche de peinture ».

Si en Uruguay on lui a désormais décerné le prix Mario Benedetti, à Barcelone, son fidèle compagnon qui l’attend au retour de chaque voyage, les derniers coups l’attendent : les jours 20, 22 et 23. S’il surmonte l’enjeu émotionnel et ne termine pas tout en Une mer de nostalgie, ce poète, phénomène de masse qui, comme l’assure Eduardo Mendoza, a un sens de l’humour subtil, très catalan, qui l’empêche de tomber dans la tendresse, fêtera le réveillon de Noël une fois qu’il est libre. Une autre fête l’attend le 27, jour de ses 79 ans.

Débarrassez-vous de l’ironie, Serrat, elle s’en vient pour vous, professeur !

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.