Ces derniers jours, le débat sur l’éventuel retour du service militaire obligatoire (SMO) s’est intensifié au Portugal, après que l’amiral Gouveia e Melo a pris position. Il n’y a pas de consensus entre les partis, les associations militaires, ni au sein des Forces armées elles-mêmes, mais les partis semblent pencher vers le « non ». L’État-major général des forces armées (EMGFA), dirigé par le général Nunes da Fonseca, estime que la réintroduction du SMO ne « résout pas les défis de gestion du personnel des forces armées », mais admet qu’elle pourrait être utile.
« L’éventuelle réintroduction du service militaire obligatoire ne doit pas être envisagée dans une logique réductrice de résolution du manque de personnel, mais à travers une approche globale visant à créer une offre de service national et universel à caractère civique », justifie le communiqué de l’EMGFA, exigeant que “le maintien des ressources humaines à des niveaux adéquats de durabilité et de stabilité” dans les Forces armées et appelant à la valorisation des carrières militaires.
Parmi les dirigeants du parti, Mariana Mortágua s’est prononcée contre le retour du service militaire obligatoire, affirmant qu’« il n’y a pas de consensus » ou de volonté exprimée par les principales forces politiques qui motivent cette décision. “Le Bloc de gauche exclut cette possibilité”, a-t-il souligné lors d’une conférence de presse depuis le siège du parti.
L’Initiative libérale a réagi lundi soir en annonçant clairement « non au service militaire obligatoire ». “En 2024, dans une démocratie consolidée comme le Portugal, il est éthiquement inacceptable que, sous la contrainte de l’État, les jeunes soient contraints de renoncer à leur autonomie et à leur liberté individuelle pour servir l’État dans les conditions et les valeurs que ce même État considère comme approprié”, lit-on dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux. “L’entrée dans les forces armées est soit volontaire, soit inacceptable.”
Le président de Chega, André Ventura, a reconnu que la question « mérite d’être étudiée », dans son impact sur les forces armées et dans « l’articulation avec la jeunesse », et qu’elle nécessiterait un « grand consensus national ». « Les jeunes comprennent que le contexte international a changé et que le pays ne peut pas vivre sans des forces armées autonomes et fermes », a-t-il déclaré dans des déclarations diffusées par RTP3. « L’idéal serait que ce ne soit pas obligatoire », mais Le Portugal doit avoir « la capacité de générer des volontaires enthousiastes qui combleraient les postes vacants dans les forces armées avec des conditions de rémunération décentes ».
Du Parti communiste, le député António Filipe a rappelé que, lors de la révision constitutionnelle de 1997, il avait défendu l’abolition du service militaire obligatoire “ce n’était pas une bonne idée”. “Maintenant que les milieux bellicistes de l’OTAN et de l’Union européenne défendent, pour des raisons différentes et mauvaises, la réintroduction du SMO, j’attends de savoir deux choses : si le PS et/ou le PSD oseront proposer la réintroduction du SMO. de ce qu’ils ont aboli ; et si une telle proposition sera accompagnée d’excuses auprès du PCP pour l’injustice des critiques formulées à son encontre”, a-t-il écrit ce lundi sur sa page Facebook.
Toujours en campagne électorale pour les législatives, Luís Monténégro, président du PSD et désormais nommé Premier ministre, a déclaré que les sociaux-démocrates n’envisageaient pas le retour du SMO, mais plutôt « un système d’incitations » au recrutement.
Pedro Nuno Santos, secrétaire général du PS, a également rejeté le retour du service militaire obligatoire, préférant se concentrer sur la valorisation de la carrière militaire.
L’éventuel retour du service militaire obligatoire a été défendu ces derniers jours par les chefs d’état-major de la Marine et de l’Armée, respectivement Henrique Gouveia e Melo et Eduardo Ferrão.