Sex-appeal, la scandaleuse vie de la nature : une exposition sur la diversité sexuelle dans le règne animal

Sex-appeal, la scandaleuse vie de la nature : une exposition sur la diversité sexuelle dans le règne animal

Toulouse (AFP) – L’homosexualité chez les lions, les oiseaux polyandres, le poisson clown transgenre… sans tabou et avec humour, l’exposition “Sex-appeal, la scandaleuse vie de la nature”, au Muséum de Toulouse, dévoile l’intimité méconnue de la biodiversité et remet en question les clichés.

“Lorsque vous offrez un bouquet de fleurs, vous offrez des organes sexuels (…) pistils et étamines”, lance Ali Akbari, chef de projet pour cette exposition inédite, démontrant que “l’humain n’a rien inventé en matière de pratiques sexuelles!”

En bas du musée, une obscurité bleutée rappelle les profondeurs aquatiques où la vie est apparue. Une vidéo sur grand écran retrace l’union des premières cellules, origine de cette sexualité déterminante pour l’évolution des espèces, donc moteur de la biodiversité.

Ensuite, des cercles concentriques conduisent au cœur de la “sexualité discrète” des plantes. L’existence de leurs organes masculins, féminins ou hermaphrodites n’a été admise qu’au XVIIIe siècle.

Auparavant, les plantes étaient symbole “de chasteté et de virginité” – en témoignent des tableaux, dont la nymphe Daphné métamorphosée en laurier pour échapper au désir d’Apollon – “toute une symbolique qui contribue à cacher leur sexualité”, explique Ali Akbari.

Jusqu’au 7 juillet, l’exposition révèle le florilège d’odeurs et de stratégies déployées par les plantes pour séduire les insectes ou les animaux qui les pollinisent.

Coassement de plaisir

Les scientifiques se sont longtemps interrogés sur la fécondation de l’orchidée de Madagascar, Angraecum sesquipedale, dont le pollen semblait inatteignable au fond d’un éperon d’environ 30 cm.

En réalité, elle a comme “assistant” le sphinx Xanthopan morganii praedicta, un papillon nocturne muni d’une fine trompe assez longue pour atteindre le nectar. Le mystère, qui intriguait Charles Darwin, ne sera résolu qu’en 1903, 21 ans après la mort du naturaliste britannique.

Ensuite, l’exposition, qui s’étend sur 300 m2, aborde la “sexualité bestiale” des animaux, leurs mille et une façons de séduire – chants, danses, combats – et de s’accoupler.

Des visiteurs de l’exposition “Sex-appeal, la scandaleuse vie de la nature”, le 18 octobre 2023 au Muséum de Toulouse © Lionel BONAVENTURE / AFP

“L’idée était de traiter de la biodiversité sous un angle inattendu, surprenant”, précise Isabel Nottaris, directrice adjointe du muséum, accompagnée d’une bande sonore de cris, de rugissements ou de croassements de plaisir de bonobos, de lions ou de grenouilles car “la sexualité ne se réduit pas à la reproduction”.

Le risque était de tomber dans le vulgaire ou le trop aride, donc le thème est abordé “sous un angle poétique, esthétique et sensible, avec une petite dose d’humour nécessaire, tout en ayant un propos scientifique parfaitement vérifié”, remarque-t-elle.

Un coin “Classé X” lève ainsi le voile sur le kamasutra animal et des positions étonnantes, telles que des papillons formant un losange en s’unissant par leurs parties postérieures.

“C’est un aspect de la biodiversité dont on parle peu. C’est très intéressant. Je n’avais jamais rien vu de tel !”, se réjouit une visiteuse, Alba Gomez, étudiante en sciences environnementales à Murcie (Espagne).

Bijoux cachés

En préparant l’exposition, l’équipe s’est penchée sur d’anciennes planches botaniques, des gravures, et a découvert des “trésors”, comme un acte sexuel entre éléphants dans la “position, très humaine, du missionnaire”, se souvient Isabel Nottaris en riant.

Derrière une vitrine, barrée de bandes rouges simulant une grille, se dressent comme des jouets intimes aux couleurs vives toutes sortes de pénis : épineux, en tire-bouchon, à quatre glands…

L’objectif était de traiter autant les femelles que les mâles : à côté d’os pénis de différentes tailles, des os clitoridiens sont présentés, présents uniquement chez certains spécimens et de taille minuscule.

Des visiteurs de l'exposition
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