Tous les regards sont actuellement tournés vers les géants des médias sociaux. Avec la minimisation du contenu politique par Instagram, le retrait de Facebook de l’actualité et TikTok menacé d’une éventuelle interdiction aux États-Unis, le triumvirat numérique fait la une des journaux mondiaux depuis des mois.
Pourtant, au milieu de tout ce bruit, une autre plateforme utilisée par près d’un tiers des Australiens passe inaperçue : Snapchat.
La Snap Map vous permet de voir où se trouvent vos amis chaque fois qu’ils publient.
Petit frère de géants comme Facebook et Instagram, Snapchat compte plus de 8 millions d’utilisateurs australiens. Selon ses propres données d’utilisateurs, 80 pour cent des Australiens âgés de 13 à 24 ans sont sur la plateformeet ils ouvrent l’application en moyenne 40 fois par jour.
Mais pour un grand nombre d’Australiens, Snapchat reste relativement inconnu, bien qu’il existe depuis 2012. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il s’agit d’une application de messagerie instantanée qui supprime les communications après 24 heures, sauf si elles sont enregistrées. Les utilisateurs envoient des « instantanés » (souvent des selfies) soit à des utilisateurs individuels, soit à l’ensemble de leurs abonnés. Une liste de « meilleurs amis » classe les huit personnes avec lesquelles vous communiquez le plus, et si vous vous inscrivez, une « Snap Map » affiche l’emplacement où vous étiez actif pour la dernière fois.
J’ai grandi avec Snapchat. Je sais que son influence, destinée aux jeunes utilisateurs, est à la fois toxique et sous-estimée.
Durant mon adolescence, j’ai vu la plateforme encourager la vanité et promouvoir toute une série de pressions sociales. J’ai remarqué les tensions et les angoisses que cela provoquait, tant chez moi que chez mes amis. Il est cependant remarquable que, contrairement à ses concurrents, Snapchat soit rarement considéré comme un moteur de ces problèmes, même si la culpabilité de l’application est indéniable.
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Prenez, par exemple, la Snap Map. Pour de nombreux enfants, l’affichage de leur emplacement crée une pression pour socialiser. Ils ne veulent peut-être pas être vus seuls un samedi soir ou à la maison lorsque d’autres passent du temps ensemble, et ainsi l’activité sociale passe du statut de récréation à celui de nécessité sous ce niveau de surveillance.
La capacité de voir si vos amis sont ensemble et socialisent sans vous a le pouvoir de susciter des insécurités et une culture de comparaison. C’est aussi épuisant. Les jeunes regardent la Snap Map pour voir qui est à une fête avant de décider d’y aller, pour voir qui est dans la rue avant de choisir leur tenue. Bien sûr, certains utilisateurs n’affichent pas leur emplacement ou n’accèdent pas à la fonctionnalité. Mais d’après mon expérience, la grande majorité le fait, y compris les enfants dans leurs années de formation et les plus vulnérables.
