WashingtonLes efforts des États-Unis pour limiter TikTok, l’un des réseaux sociaux les plus utilisés du pays, avec plus de 100 millions d’utilisateurs, qui a acquis la catégorie de “menace pour la sécurité nationale”, se poursuivent. La Maison Blanche a lancé jeudi un ultimatum à sa société mère, ByteDance : soit vendre sa version américaine, soit faire face à une interdiction dans le pays. Washington craint que la Chine utilise le réseau social pour collecter des informations privées auprès des citoyens américains. Mais la raison sous-jacente pourrait aussi être dans la concurrence brutale que la plateforme a faite aux réseaux sociaux nés aux États-Unis, tels que Facebook, Instagram, Twitter ou Snapchat, qui perdent leur hégémonie.
Le ministère américain de la Justice enquête sur l’espionnage présumé par TikTok de plusieurs journalistes couvrant l’industrie technologique depuis la fin de l’année dernière. L’enquête a commencé suite à l’aveu de ByteDance selon lequel certains employés avaient obtenu de manière inappropriée les données d’utilisateurs américains, y compris des journalistes. Selon l’entreprise, qui affirme les avoir licenciés, ces travailleurs (dont deux vivent en Chine) avaient eu accès aux adresses IP et autres données des journalistes et de ceux avec qui ils s’étaient connectés via leurs comptes TikTok.
Biden intensifie la bataille contre le réseau social
La loi chinoise oblige les entreprises en Chine à partager des données avec le gouvernement si nécessaire, une règle que TikTok éviterait si elle n’appartenait pas à ByteDance mais à une société étrangère. C’est ce que recherche l’administration Biden, qui a exigé des propriétaires de la plateforme un désinvestissement, un changement de propriétaire, s’ils veulent continuer à opérer aux États-Unis. Mais les critiques pensent qu’il ne s’agit que de représailles à la concurrence de la plateforme par des géants américains de la technologie tels que Meta. L’administration Biden a déjà interdit à ses fonctionnaires d’utiliser ce réseau social sur des téléphones professionnels, tout comme des dizaines de gouvernements à travers le monde.
Donald Tump a déjà menacé d’interdire TikTok en 2020 en arguant des mêmes raisons. L’administration Biden a cherché à négocier en privé avec la plate-forme pour améliorer la sécurité et le traitement des données, et après un premier accord, les négociations ont été bloquées car les départements de la Justice et du Trésor n’ont pas donné leur approbation, étant donné qu’ils ne croyaient pas que l’accord était capable de garantir la sécurité nationale.
Au total, Biden a démarré cette année avec une stratégie plus agressive et a levé un ultimatum à TikTok, mais pour l’instant seul le rejet frontal a été constaté : « Si la protection de la sécurité nationale est l’objectif, le désinvestissement ne résout pas le problème. : un changement de propriétaire n’impose pas de nouvelles restrictions sur les flux ou l’accès aux données”, a déclaré le réseau social dans un communiqué. “Les problèmes de sécurité nationale sont mieux traités avec une protection transparente des données et des systèmes des utilisateurs américains, et avec une surveillance et une vérification robustes par des tiers, que nous mettons déjà en œuvre.”
Le PDG de Tik Tok comparaîtra devant le Congrès
Shou Zi Chew, le directeur général de la plateforme, doit comparaître la semaine prochaine devant le Congrès américain, qui l’interrogera sur les liens de l’application avec le gouvernement chinois et lui fera part des préoccupations des membres du Congrès selon lesquelles il expose les jeunes Américains à des contenus préjudiciables. La guerre contre la Chine pour l’hégémonie mondiale est l’une des rares questions qui unit les deux côtés du spectre politique américain, et les démocrates et les républicains sont particulièrement unis dans la bataille contre TikTok. Le Parti communiste chinois, quant à lui, a dit que les États-Unis n’ont fourni aucune preuve que le réseau social menace sa sécurité nationale.
