soixante-dix ans d’études et de passions – Corriere.it

soixante-dix ans d’études et de passions – Corriere.it

2024-02-10 17:21:35

De GIUSEPPE ANTONELLI

Le président d’honneur de Crusca en dialogue avec Cristiana De Santis dans le volume « Un italien accueillant » (il Mulino). Au centre, la langue italienne

Giovanni Nencioni, alors président de l’Académie de la Crusca, confiait ses mémoires de linguiste aujourd’hui septuagénaire à un essai intitulé
Autodiachronie linguistique : un cas personnel
(dans «Cahiers de l’Atlas lexical toscan», 1-1983 ; Leo S. Olschki Editeur). Avec quelques ressorts supplémentaires sur les épaules, mais avec autant de tendresse et d’ironie, deux décennies plus tard, Tullio De Mauro évoque son enfance et sa jeunesse dans deux livres au ton narratif joyeux : Des mots d’antan e Des mots de jours un peu moins lointains. Francesco Sabatini — comme Luca Serianni l’avait déjà fait il y a quelques années dans son La sensation de la langue — a préféré confier ce type de reconstruction à un entretien, réalisé en l’occurrence avec la collaboration de la linguiste Cristiana De Santis. «Le résultat», écrit le conservateur, «est un dialogue qui interroge notre époque à travers le langage: l’Italien accueillant d’un Italien accueillant, qui, au fil des années, a su répondre aux nombreux doutes linguistiques posés par un public nombreux et fidèle.” C’est exactement Un Italien accueillant est le titre sous lequel le volume vient d’être publié chez Il Mulino (également la maison d’édition des deux volumes de De Mauro et celui de Serianni).

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Né en 1931, président honoraire de l’Académie de la Crusca (qu’il a dirigée entre 2001 et 2007), professeur d’université (à la chaire depuis 1957) et vulgarisateur passionné, Sabatini raconte dans cette autobiographie intellectuelle plus de soixante-dix ans d’études sur notre langue et près d’un siècle d’histoire de la culture italienne. Se retrouvant passer de la rencontre avec Benedetto Croce, qui fréquentait la maison de son père dans les Abruzzes, à celle avec le président de la République Carlo Azeglio Ciampi. La sua figura, ricorda, «è stata decisiva anche per la considerazione della nostra lingua come bene nazionale» e rievoca le parole che Ciampi pronunciò nella sede fiorentina della Crusca a proposito dell’«importanza di custodire, di studiare, di far conoscere la lingua italienne”.


Tout ce que Sabatini a fait sans relâche, comme cela ressort – entre souvenirs, anecdotes et photographies – des pages de ce livre. L’étude et la valorisation des textes anciens, dont la lettre dans laquelle Boccace imite le dialecte napolitain ou le graffiti trouvé à Rome dans la catacombe de Commodilla (« Non dicere ille secrita abboce »). Un texte datant d’environ un siècle avant ce placito capouan (“Sao ko kelle terre…”) traditionnellement considéré comme l’acte de naissance de notre langue. Mais aussi la description, au milieu des années 80, de ce qu’il définissait lui-même comme « l’Italien moyen ». Un italien dans lequel, comme Manzoni le voulait déjà, on peut enfin dire et écrire « lui » au lieu de « il » ; un italien moderne et élastique, adapté à la communication quotidienne. Et puis le premier dictionnaire également publié sur support électronique (créé avec Vittorio Coletti : le Disc. Dizionario Italiano Sabatini-Coletti) et la grammaire de l’italien selon le modèle de valence (« Valence dans ce cas est une métaphore adoptée pour décrire la capacité du verbe pour lier à lui-même les autres éléments nécessaires à la formation d’une phrase complète”). De l’idée de Sabatini est également née la Semaine de la langue italienne dans le monde, aujourd’hui dans sa vingt-troisième édition, et Dantedì qui – promu avec la collaboration de Paolo Di Stefano et du « Corriere della Sera » – a été célébré chaque année depuis le 25 mars 2020.

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Parmi les histoires les plus fascinantes, il y a celle sur la grande bibliothèque familiale (plus de vingt mille livres, dont des codes médiévaux) volés par les nazis qui occupaient sa maison de Pescocostanzo. Immédiatement après la guerre, une lettre signalait la présence des livres à l’Université de Mayence. En 1961, à l’occasion de sa lune de miel, Sabatini va vérifier : mais rien n’apparaît dans les catalogues. Trente ans plus tard, il est contacté par un étudiant qui avait travaillé sur le catalogage. «Les livres avaient été récupérés par les troupes d’occupation françaises en Forêt-Noire»; lorsque les Français eurent reconstruit l’Université de Mayence, « ils furent alors remis à la bibliothèque ». De longues négociations permettent la restitution : parmi les livres survivants, manquent cependant les précieux codes manuscrits. Un seul a survécu, celui-ci avait été prêté par son père à un érudit romain. C’est ça « Fragments de Sabatini » dont la famille – après en avoir repris possession – en fit don à l’abbaye de Montecassino : et elle y est aujourd’hui conservée, avec le placito de Capoue.

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10 février 2024 (modifié le 10 février 2024 | 15h21)



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