son livre avec «Corriere della Sera»- Corriere.it

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2024-01-08 23:06:14

De PIER PAOLO PORTINARO

Dès le 10 janvier, en kiosque pendant un mois, avec le journal “Il futuro della démocratie” dans lequel le philosophe, décédé en 2004, avait clairement indiqué les graves menaces que faisaient peser sur le modèle occidental les tendances oligarchiques et les puissances occultes. Nous anticipons ici la préface

Le XXe siècle a été le siècle de la démocratie, dans ses diverses acceptions, notamment la démocratie plébiscitaire et représentative, la démocratie compétitive et délibérative, la démocratie participative et constitutionnelle. Dans l’un de ses livres les plus connus, Samuel Huntington situe les deuxième et troisième vagues du processus de démocratisation qui a redéfini le profil institutionnel du monde occidental au XXe siècle. L’œuvre de Bobbio, que le « Corriere » porte à la connaissance du public, a mûri en réfléchissant aux défis qui a marqué cette double vague de civilisation politique.

Il faut ajouter qu’elle est la fille d’un autre grand intellectuel de la même époque, Ralf Dahrendorf (et voyez, pour souligner les nombreuses affinités avec Bobbio, son Erasmiens. Les intellectuels à l’épreuve du totalitarismeLaterza, 2007), appelé « siècle social-démocrate » – un siècle qui avait cherché et, jusqu’à un certain point, trouvé (au prix de nombreux compromis et d’une certaine hypocrisie) une solution au dilemme de la conjugaison des droits constitutionnels. démocratie avec le capitalisme. Mais ce siècle est révolu et le capitalisme indiscipliné et anarchique de la mondialisation semble bien moins disposés au compromis et à la subordination aux impératifs de la démocratie (constitutionnelle).

En particulier, si la dernière décennie du XXe siècle s’était ouverte sous le signe de ce que de nombreux interprètes pensaient être un tournant destiné à avoir des conséquences sans précédent sur l’expansion de la démocratie dans le monde, les quinze premières années du XXIe siècle ont suffi à refroidir les enthousiasmes, anéantir de nombreux espoirs et inaugurer une nouvelle période d’inquiétude quant au sort des processus de démocratisation dans les régions les plus peuplées de la planète et pour les involutions qui se produisent également dans les pays dotés d’une démocratie consolidée (Eugenio Somaini le rapportait déjà en 2007 dans son Géographie de la démocratiele moulin).

Justement à la lumière de ces transformations, il peut être utile, pour tenter de faire le point, de revenir sur les considérations formulées il y a quarante ans par Bobbio dans son essai L’avenir de la démocratie (le texte clé de cette collection) dans lequel le philosophe turinois remettait en question les « promesses non tenues de la démocratie ». La première tenait au fait que le corporatisme des groupes et la « revanche des intérêts organisés » avaient prévalu sur l’égalitarisme de la « société des individus », mettant en avant l’idéal de la représentation politique, entendue comme représentation du général. intérêts (la deuxième promesse non tenue). Le troisième se manifeste dans la « persistance des oligarchies » : le nombre d’électeurs au suffrage universel a considérablement augmenté, mais pas tant le poids de leur vote. La quatrième promesse concernait l’échec de l’extension de la démocratie (de la sphère politique à celle des autres sphères sociales), car les entreprises et les systèmes administratifs ne s’étaient pas (et ne pouvaient pas) s’émanciper de la logique hiérarchique traditionnelle. Une cinquième déception concerne la permanence du « pouvoir invisible », que la démocratie en tant que gouvernement de la sphère publique aurait dû éliminer.: derrière les pouvoirs formellement constitués, les « pouvoirs forts » (les cliques d’intérêts, autrefois aussi les partis) et les « pouvoirs cachés » (les services secrets et les agences paraétatiques de sécurité retirés) ont continué à fonctionner, sur la base de politiques non transparentes. logique. au contrôle populaire). Enfin, la sixième promesse concernait le manque d’éducation du citoyen, qui aurait dû résulter de la participation au vote et progresser avec une implication toujours plus grande dans les processus délibératifs à travers le débat public : au contraire, la propagation de l’apathie politique, la prédominance du vote d’échange le vote d’opinion, le respect croissant des messages et des offres à caractère populiste.

Placée dans le contexte de la mondialisation économique, sociale et juridique, cette réflexion apparaît aujourd’hui plus que confirmée.. La littérature récente n’a fait que souligner comment a) la tendance à la colonisation du processus démocratique par des intérêts privés et particularistes s’est accentuée, conduisant à une situation de « post-démocratie », b) une spirale populiste inverse de course au « carré », ce qui a fini par déterminer un déclin vers la démocratie plébiscitaire. (…)

Faut-il alors dire que, malgré toutes ses inquiétudes, la théorie de la démocratie de Bobbio appartient à une époque révolue où l’Occident croyait encore que le projet politique de modernité pouvait s’universaliser dans un processus de mondialisation sous son hégémonie ? De nombreux signes indiquent aujourd’hui que l’Occident perd confiance en lui-même, en son unité, en sa capacité et sa légitimité à gouverner le monde (je me réfère pour cela au beau livre d’Andrea Graziosi, Occident et modernitéil Mulino, 2022), alimentant en son sein la propension à l’autoflagellation ou, au contraire, la recherche de troisièmes voies, de modèles hybrides entre démocratie et autoritarisme (dont la Russie et la Chine sont des exemples macroscopiques). Un diagnostic pessimiste fondé sur des faits, auquel incline à juste titre le réalisme de Bobbio, conduirait à ces conclusions. Et le philosophe d’aujourd’hui aurait tout à gagner à souligner que certaines prédictions inédites, dictées par ce réalisme, auraient pu au moins ralentir la dégradation institutionnelle (souvent alimentée par des illusions faciles). Les raccourcis et l’alchimie de la palingénésie ne sont cependant pas visibles. C’est pourquoi, malgré le changement d’époque, la méditation sur ces pages reste une tâche incontournable pour ceux qui se soucient du sort du modèle occidental de démocratie.

Le titre en kiosque à 8,90 euros


Le livre de Norberto Bobbio sort en kiosque au Corriere della Sera le 10 janvier L’avenir de la démocratie, qui reste en vente pendant un mois au prix de 8,90 € plus le prix du journal. Il s’agit d’un recueil d’essais, publié dans l’édition originale par Einaudi en 1984, que nous proposons à nouveau avec la préface de Piero Paolo Portinaro, dont nous publions ci-dessus un résumé. Dans cet ouvrage, le philosophe turinois, disparu il y a vingt ans, le 9 janvier 2004, défend une conception procédurale de la démocratie, fondée sur le respect des règles du jeu, et exprime de vives inquiétudes quant à l’avenir des systèmes représentatifs, mis à mal par une vaste série d’inconvénients. Bobbio se concentre sur la relation entre démocratie représentative et démocratie directe. Il aborde l’épineux problème du « pouvoir invisible ». Il repropose l’ancien dilemme entre le gouvernement des hommes et le gouvernement des lois. Analyse la question de savoir comment le principe démocratique peut (ou plutôt, dans l’état actuel des choses, ne peut pas) être appliqué au niveau international. Né à Turin le 18 octobre 1909, Bobbio débute très jeune une carrière universitaire. Professeur de philosophie du droit à l’Université de Sienne puis à celle de Padoue, pendant la guerre il participe à la Résistance dans les rangs du Parti Action. En 1948, il fut appelé à l’Université de Turin, où il enseigna également les sciences politiques. Auteur de nombreux essais, entre les années 1950 et 1970, il fut le protagoniste d’un intense débat avec les communistes issus des positions socialistes libérales. Signature du « Stampa », en 1984 il est nommé sénateur à vie par le Président de la République Sandro Pertini.

8 janvier 2024 (modifié le 8 janvier 2024 | 21h04)



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