Les regards envieux des nostalgiques en aval du Danube sont compréhensibles : sur la Ballhausplatz, dans la belle Vienne, au moins un membre de leur tribu règne encore : un vrai Bavarois, quelqu’un qui parle le dialecte bavarois du centre-est et a été baptisé catholique. Et qu’avez-vous dans la métropole du saucisson blanc ? Un non-Bavarois de Moyenne-Franconie qui ne pouvait pas commander une seule bière de l’Oktoberfest sans accident phonétique, encore moins la boire ou même la tolérer. Pire encore : un protestant, un évangélique. Pour eux, c’est comme si feu Franz Beckenbauer de Munich-Giesing avait secrètement dormi toute sa vie dans le linge de lit des supporters du Borussia Dortmund. Et qui s’appelle Markus ? Les gens s’appellent Peppi, Maxl, Xaverl – ou Koarli.
Mais Söder tire désormais sur l’oiseau lors de sa sortie au carnaval de Franconie. L’homme qui apparaissait déjà sous le nom de Marylin Monroe incarne cette fois le chancelier du Reich Otto von Bismarck, le Haut-Prussien de Berlin, dont la plus grande réussite était peut-être de ne pas s’intéresser à l’Autriche dans ses projets de confédération allemande. Söder est livré avec une couronne de cheveux gris et une moustache d’otarie et dans un uniforme de défilé des temps impériaux de gloire et de gloire.
Et il est immédiatement sous pression pour se justifier : après tout, Bismarck était un grand homme d’État. Et bien plus important : « En cas d’urgence, la Bavière doit être le dernier Prussien… » avait déjà déclaré le père de la CSU, Franz-Josef Strauss. L’urgence en Allemagne existe depuis longtemps et Strauss était, après tout, un véritable Bavarois de Haute-Bavière. Le Preiss de Franconie pourra au moins rêver de devenir chancelier dans la lointaine Berlin pendant le carnaval…