2024-05-30 07:00:13
UBS a géré des millions de dollars pour l’ancien président controversé du Yémen, Ali Abdullah Saleh. La banque a omis de signaler les avertissements de blanchiment d’argent pendant des années. Le ministère des Finances sanctionne désormais l’UBS, comme le montre une étude de SRF Investigativ.
Auteur:
Maj-Britt Horlacher
30.05.2024, 06h00
Rien qu’en 2011, l’UBS a enregistré un total de 5’438 avertissements dans le dossier interne de l’ancien président yéménite Saleh. Malgré cela, la banque n’a jamais signalé de soupçons de blanchiment d’argent aux autorités. Le Département des Finances du DFF l’écrit dans un avis d’amende que SRF Investigativ a pu consulter.
Ali Abdullah Saleh n’était pas n’importe quel client d’UBS, mais un soi-disant PEP. Une « personne politiquement exposée » qui doit faire l’objet d’une enquête particulièrement minutieuse. Parce que Saleh a dirigé le Yémen pendant plus de trois décennies et a également été mis au pilori au niveau international en raison d’allégations de corruption.
UBS gère des millions de membres du clan Saleh
En 2004, lui, alors président du Yémen, a ouvert un compte auprès de l’UBS, enregistré sous « Wild Horse Investment Inc. ». Cela ne s’est pas arrêté là: au total, 25 personnes liées à Saleh avaient des relations clients avec l’UBS, dont des épouses, des enfants et des petits-enfants, comme l’écrit le DDF.
L’homme fort du Yémen
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Saleh a été au pouvoir au Yémen pendant plus de trois décennies, de 1978 à 2012. Lors du Printemps arabe de 2011, de violentes manifestations ont également eu lieu dans le golfe d’Aden, à la suite de quoi Saleh a annoncé sa démission – mais n’a de facto renoncé au pouvoir qu’avec hésitation.
Parce qu’il a porté atteinte à la paix et à la sécurité du Yémen, l’ONU lui a imposé des sanctions en 2014, auxquelles la Suisse a emboîté le pas. Dès lors, Saleh fait l’objet d’une interdiction d’entrée et de transit ainsi que de sanctions financières en Suisse. Dès le milieu des années 2000, divers rapports internationaux suggéraient qu’Ali Abdullah Saleh était impliqué dans des affaires de corruption et de blanchiment d’argent.
Un rapport d’expert de l’ONU estimait en 2015 que Saleh avait accumulé entre 30 et 62 milliards de dollars et en avait transféré une grande partie à l’étranger. Saleh aurait reçu cet argent grâce à des activités illégales et à la corruption, par exemple en concluant des contrats gaziers et pétroliers et en vendant des droits miniers exclusifs. Saleh a été tué en 2017, vraisemblablement par des rebelles yéménites Houthis.
L’amende concerne un paiement datant de 2009 : plus de 10 millions de dollars américains pour Saleh – du sultan d’Oman. Le fils de Saleh a remis le chèque à l’UBS à Zurich. Saleh a ensuite distribué la moitié des millions sur différents comptes UBS enregistrés au nom des membres de sa famille.
« Justification fragile »
L’opération a déclenché des avertissements au sein de l’UBS, comme le constate le DFF. Mais au lieu de s’adresser au MROS, le bureau d’information sur le blanchiment d’argent, les collaborateurs ont simplement noté dans le dossier interne : “Il est de notoriété publique que les riches dirigeants du monde arabe soutiennent leurs collègues les plus pauvres avec de tels cadeaux”. Une « justification fragile », estime le FDF. Chez UBS, toutes les alarmes auraient dû sonner.
En cela, UBS aurait dû reconnaître les soupçons de blanchiment d’argent
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Selon l’EFD, le transfert de 10 millions de dollars présente de nombreuses caractéristiques qui pourraient indiquer un blanchiment d’argent :
- La quantité.
- La structure de la transaction, c’est-à-dire l’utilisation de l’encaissement de chèques.
- Encaisser le chèque à l’étranger, c’est à dire pas au Yémen.
- En outre, les actifs ont encore été déplacés peu de temps après leur dépôt.
- Des personnes politiquement exposées étaient impliquées.
- Le pays bénéficiaire (le Yémen) avait un indice de corruption élevé.
- La transaction a déclenché des avertissements internes à la banque.
Le DFF a eu connaissance de cette affaire à la suite d’une plainte déposée par l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers Finma. Elle a engagé une procédure contre UBS en 2021.
En fait, deux ans plus tard, les relations commerciales sont devenues trop tendues pour l’UBS. En 2011, au milieu des troubles du Printemps arabe, l’examen interne de Saleh par la banque a accumulé les 5 438 avertissements susmentionnés. UBS a alors fermé la quasi-totalité des comptes de la famille Saleh.
«La dette de l’UBS est importante»
Toutefois, UBS n’a pas signalé l’affaire aux autorités. Selon l’EFD, la banque n’a pas clairement expliqué pourquoi elle ne l’avait pas fait. Et surtout en cas de suspicion de blanchiment d’argent, UBS n’aurait pas dû rompre ses relations avec ses clients – afin que les autorités puissent confisquer les fonds.
En raison du manquement de l’UBS, “des sommes d’argent très importantes, prétendument liées au comportement corrompu d’Ali Abdullah Saleh (…), ont été retirées de l’accès de l’État”, écrit le DDF. «La culpabilité d’UBS SA est importante.»
Documents incomplets
Le Département des Finances critique également l’approche de l’UBS : après deux ans de litige avec l’UBS, il s’est avéré que les “documents demandés n’avaient été soumis que partiellement ou incomplètement”. Les responsables n’ont pas pu être identifiés.
La pénalité est donc automatiquement réduite. Le DFF a infligé une amende de 50 000 francs à UBS. Le ministère des Finances attribue, entre autres choses, à la banque le fait qu’elle a depuis amélioré sa gestion des risques. UBS n’a pas souhaité faire de commentaire à la demande de SRF Investigativ.
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