Même les éclats ne portent plus bonheur. Dans le remake de Disney, le miroir magique de la méchante belle-mère finit par se briser, car les éclats sont devenus la marque de fabrique de l’image numérique composée. Aux États-Unis, les chiffres du week-end de lancement n’ont pas été catastrophiques, mais sont restés en deçà des attentes, qui ne pouvaient être assez élevées compte tenu des coûts de production estimés à 250 millions de dollars.
Il semble y avoir un sort. autrefois, Disney était idéologiquement sombre et réactionnaire, mais incontestablement innovant sur le plan technique. Le film de 1937, le premier long métrage d’animation de Disney, a réinventé le conte de fées. Disney est désormais gentil, courageux, libéral, certains disent même féministe et lutte des classes, mais cela n’intéresse plus personne.Blanche-Neige ne veut plus attendre son prince dans un profond sommeil, mais assumer la responsabilité de son royaume « juste et libre ». On lui a donc attribué une intrigue secondaire entre « Robin des Bois » et « Blanche-Neige et le Chasseur » (2012). La chanson la plus célèbre du film de 1937, « Someday My Prince Will Come », n’a pas été complètement abandonnée, mais elle a été reléguée au second plan. Elle ne semble plus adaptée à une grande performance de la nouvelle Blanche-Neige, Rachel Zegler.On a renoncé à un morceau de promesse érotique, même si celle-ci n’a été réalisée que dans l’enregistrement de Miles Davis en 1961 avec le solo de John Coltrane.D’autres ont déploré que la peau de cette Blanche-Neige ne soit plus vraiment blanche (comme la neige) et que ses lèvres ne soient plus aussi rouges (comme le sang). Une remarque superflue,étant donné que tout le film se présente dans le fameux voile gris numérique et ne laisse ressortir que quelques couleurs de signalisation : le bleu et le jaune de sa robe (qui flotte entre les arbres comme un drapeau ukrainien),le rouge de son manteau (sa volonté d’agir énergique).
Le film commence de manière significative par la transition de l’image de dessin animé encore traditionnellement « peinte » (la calèche du couple royal – les parents de Blanche-Neige) à la nouvelle image animée numériquement. Après un long travelling sans signification sur le décor animé numériquement dans son ensemble, on arrive à l’image numérique d’éclats et de créneaux. Les créneaux numériques sont gris et flous, à moins qu’on ne zoome dessus de manière pénétrante, un artifice étonnant compte tenu de la profondeur de champ possible de l’image numérique.
L’image numérique simule la trace d’un travail. Ainsi, une série de tartes aux pommes fraîchement cuites apparaissent sur une table de fête, prêtes « à partir de rien » (comme l’argent sur le compte bancaire). Sur le plan technique, ce morceau de magie n’a jamais été un problème majeur, mais il efface de manière transparente le processus de fabrication (la tarte aux pommes est d’ailleurs le symbole de la communauté heureuse dans l’idéologie finalement communautariste de Blanche-Neige : « Tu penses qu’avec une tarte aux pommes, tu peux changer le monde ? »
). Dans le cinéma numérique, le merveilleux va de soi.
Les sept nains représentent la trace du travail en 1937 comme en 2025. Ils sont toujours de courageux mineurs qui cherchent des pierres précieuses. Sauf que cette fois, ils sont capables de faire apparaître numériquement les veines de ce qui est précieux dans la montagne en posant leurs mains. Les nains qui triment programment/composent leur mine (avant, ils devaient la redessiner à la main).
Les nains ont des noms parlants (Grincheux, dormeur, Simplet, etc.). Les programmeurs d’aujourd’hui ne sont pas sans nom, une liste de noms interminable dans le générique témoigne de leur travail, mais l’inévitable est volontiers négligé/survolé. Une chose n’a pas changé depuis 1937, les nains qui triment, c’est nous qui sommes restés, les esclaves anonymes de la programmation et de la rédaction (mais sans Blanche-Neige dans le cercueil et avec peu de pierres précieuses dans le chariot).
Le Remake de Blanche-Neige : Une Analyse de la Change Numérique et Idéologique
Table of Contents
Introduction
Le texte analyse le remake de Blanche-Neige par Disney, soulignant les changements significatifs par rapport au film original de 1937. Il explore les transformations techniques, idéologiques et esthétiques.
Changements Clés dans le Remake
Esthétique Numérique: Le miroir magique brisé symbolise la prédominance de l’image numérique.Les “éclats” deviennent une caractéristique de l’image numérique, et le film utilise un voile gris numérique.
Évolution Idéologique: Disney est passé d’une approche “sombre et réactionnaire” à une posture “gentille, courageuse, libérale, voire féministe”. Blanche-Neige est désormais présentée comme une figure active qui prend en main son destin.
Réduction de l’Érotisme: L’aspect érotique autrefois présent est atténué, comme en témoigne la relégation de la chanson “Someday My prince will come” au second plan.
Le Rôle des Nains: Les sept nains, toujours des mineurs, sont représentés dans leur rôle de producteurs de richesses dans un monde numérique.
Impact et Réception
Performance au Box-Office: Les chiffres du week-end de lancement aux États-Unis n’ont pas atteint les attentes,malgré un budget de production élevé (250 millions de dollars).
Nouvelle Blanche-Neige: il y a des critiques concernant le changement de l’apparence de Blanche-Neige, qui ne correspondrait plus aux standards traditionnels (peau blanche, lèvres rouges).
La Magie du Numérique et l’Effacement du Travail
Simulations: L’image numérique simule la création, comme l’apparition de tartes aux pommes, mais efface le processus de fabrication.
Travail Anonyme: Les nains programment leur mine, symbolisant le travail des programmeurs et des rédacteurs, souvent anonymes et négligés.
Tableau Récapitulatif : Comparaison des Versions
| Caractéristique | Version Originale (1937) | Remake (2025) | Changement Principal |
| :———————— | :———————————————— | :———————————————————- | :——————————————————– |
| Esthétique | Animation traditionnelle | Image numérique | Passage de l’animation à l’image numérique |
| idéologie | “Sombre et réactionnaire” | “Gentille, courageuse, libérale, féministe” | Évolution des valeurs de Disney |
| Rôle de Blanche-Neige | Passive, attendant le prince | Active, prend ses responsabilités | Transformation de la protagoniste |
| Représentation des Nains | Mineurs, travaillant manuellement | Mineurs, programmant la mine numériquement | Numérisation du processus de travail |
| Chanson principale | “Someday My Prince Will Come” | reléguée au second plan | Changement de l’importance musicale |
| Performance au Box-Office | Non mentionné dans le texte | En deçà des attentes | Indications de la réception du film |
FAQ
Q: Quels sont les changements esthétiques majeurs dans le remake de Blanche-Neige ?
R: Le film utilise une esthétique numérique où le miroir magique se brise et les “éclats” deviennent une marque de fabrique, avec un voile gris numérique dominant.
Q: comment l’idéologie de Disney a-t-elle évolué dans le remake ?
R: Disney est passé d’une approche “sombre et réactionnaire” à une approche “gentille, courageuse, libérale, voire féministe”.
Q: Quel est le rôle de Blanche-Neige dans le remake ?
R: Elle est présentée comme une figure active qui prend en main son royaume.
Q: Qu’est-ce que les nains représentent dans le contexte du remake ?
R: Ils symbolisent le travail des programmeurs et des rédacteurs, souvent anonymes et négligés dans le monde numérique.