SpaceX a lancé samedi la plus grande et la plus puissante fusée jamais construite, Starship, dont l’étage supérieur a réussi à atteindre l’espace avant qu’une “anomalie” ne provoque son explosion. Le vaisseau conçu pour transporter des astronautes jusqu’à la Lune avait échoué lors d’un premier test il y a 7 mois.
“Starship a décollé avec succès sous la poussée des 33 moteurs Raptor du propulseur Super Heavy et a atteint l’étape de séparation” des deux étages, a écrit SpaceX sur X (anciennement Twitter).
La fusée géante de 120 mètres de haut s’est envolée peu après 07h00 du matin heure locale (13h00 GMT) depuis la base de SpaceX à Boca Chica, dans l’extrême sud du Texas.
Le module Starship, placé au sommet de la fusée, s’est séparé avec succès de l’étage de propulsion Super Heavy, mais les deux parties de la fusée n’ont pas survécu jusqu’à leur descente programmée et ont explosé en vol, selon SpaceX.
L’objectif de la mission était d’atteindre l’orbite avant de redescendre dans l’atmosphère terrestre et d’amerrir au large des côtes d’Hawaï.
La fusée est composée de deux étages: l’étage de propulsion Super Heavy avec ses 33 moteurs, et le vaisseau Starship, placé au-dessus et qui donne son nom à la fusée entière. Lors du premier essai, les deux étages n’avaient pas réussi à se séparer en vol avant de réussir samedi.
L’administration américaine de l’aviation civile, la FAA, a annoncé dans un communiqué qu’un “incident” s’était produit lors du vol. “L’anomalie a entraîné la perte du véhicule”, ajoute l’agence, précisant qu’aucun blessé ni aucun dommage matériel n’est à déplorer.
“La FAA supervisera l’enquête menée par SpaceX” pour déterminer les causes de l’incident, indique l’agence, qui devra approuver les conclusions de l’enquête et les actions correctives à mettre en œuvre par SpaceX avant d’autoriser tout nouveau lancement de Starship.
Pour Laura Seward Forczyk, analyste de l’industrie spatiale, “ce fut un succès partiel fantastique”. Ce lancement a “dépassé mes attentes”, explique-t-elle à l’AFP.
Le deuxième vol d’essai de SpaceX, l’entreprise du milliardaire Elon Musk, est notamment scruté de près par la NASA, qui compte sur ce vaisseau pour ses missions de retour sur la Lune.
Le patron de la NASA, Bill Nelson, a félicité SpaceX samedi pour les “progrès” réalisés lors de ce lancement, évoquant une “opportunité d’apprendre, puis de voler à nouveau”.
Pour SpaceX, l’explosion de prototypes est moins problématique en termes d’image que pour la NASA et ses fonds publics, selon les experts. Enchaîner les tests à intervalles rapprochés lui permet d’accélérer le développement de ses engins.
Le développement de Starship ne semble malgré tout pas assez rapide pour cadrer avec les plans de la NASA, qui a passé contrat avec SpaceX. Une version modifiée de l’engin doit servir d’alunisseur afin de déposer des astronautes sur la surface lunaire pour la première fois depuis 1972.
Cette mission, appelée Artémis 3, est officiellement prévue pour 2025, une date qui semble de plus en plus irréaliste.
Au-delà de la Lune, Elon Musk souhaite faire de Starship “un moyen de transport généralisé vers n’importe quelle destination dans le système solaire”, notamment Mars.
Son objectif est de créer une colonie autonome sur la planète rouge, afin de permettre à l’humanité de devenir une espèce multiplanétaire.
Mais la véritable innovation de Starship est qu’elle doit être entièrement réutilisable, les deux étages étant conçus pour revenir se poser sur leur pas de tir, réduisant ainsi les coûts. Seul le premier étage de la fusée Falcon 9 de SpaceX est actuellement récupéré.
Starship est à la fois plus grande que la nouvelle méga-fusée de la NASA, SLS (98 m), qui a effectué son premier vol il y a un an, et que la légendaire Saturn V, la fusée du programme lunaire Apollo (111 m).
La poussée au décollage de Starship est environ deux fois plus puissante que ces deux lanceurs.
Le 20 avril, Starship avait décollé pour la première fois dans sa configuration complète. Mais plusieurs moteurs n’avaient pas fonctionné, et SpaceX avait volontairement fait exploser la fusée au bout de quatre minutes.
Le décollage avait projeté un nuage de poussière jusqu’à plusieurs kilomètres du pas de tir, lui-même fortement endommagé. Des morceaux de béton avaient été expulsés sous la puissance des moteurs, et un incendie s’était déclaré dans un parc régional voisin.
La FAA avait ouvert une enquête, avant de finalement donner son feu vert pour un deuxième vol.
En sept mois, l’aire de lancement a été reconstruite, et un système de “déluge” d’eau a été installé et testé. Ces trombes d’eau déversées au moment de l’allumage des moteurs doivent atténuer les ondes acoustiques, limitant les vibrations.
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