Depuis sa sortie le 18 novembre dernier, « Hunger Games – La révolte : partie 2 » domine le box-office français avec 1,9 million d’entrées. Saviez-vous que la partie la plus spectaculaire du film a été tournée au Palacio d’Abraxas à Noisy-le-Grand en mai 2014 ? Le comité du tourisme de Seine-Saint-Denis vient d’organiser une visite des lieux en présence d’une quinzaine de fans de la franchise.La production américaine a eu le nez fin en choisissant le site : une sorte d’amphithéâtre monumental, pourvu d’une arche en son milieu, qui correspondait parfaitement à l’univers néorétro du film. Construit à la fin des années 1970 par l’architecte espagnol Ricardo Bofill, le Palacio d’Abraxas est unique en son genre.Un faux nom pour éviter les fuites et les paparazzisC’est durant l’été 2013 que des membres de l’équipe débarquent à Noisy. Durant un mois, ils vont photographier le site et préparer le terrain pour le tournage du film. Grâce notamment à Saada Hamida, une habitante du quartier, qui fera l’intermédiaire entre la production et les habitants (voir ci-dessous). L’opération « Seashore » prend corps entre le 9 et le 15 mai 2014. « Les producteurs ne voulaient pas qu’on sache qu’ils tournaient Hunger Games pour éviter les paparazzis et les fuites, c’est pourquoi ils ont mis des affichettes un peu partout dans le quartier pour annoncer le tournage d’un film appelé Seashore » raconte Stéphan Bender, de la commission du film de Saint-Denis, photos en main.
Noisy-le-Grand, le 3 décembre. Une quinzaine de fans ont découvert les décors d’Hunger Games lors d’une visite organisée par le comité du tourisme. (LP/S.T.) Le quartier devient un vrai camp retranché. Près de 400 barrières sont disposées tout autour afin de filtrer les accès. En effet, filmer dans un espace qui abrite entre 2000 et 2500 habitants nécessite une organisation logistique compliquée. Surtout pour des durées de tournage qui s’étendent de 8 heures à 20 heures. « Un matin, pour des questions de lumière, le réalisateur voulait tourner entre 8 heures et 8 h 30, se souvient Saada Hamida. Mais à la même heure, les enfants allaient à l’école. Il a donc fallu interrompre le tournage pour les laisser passer. Les pauvres, ils ne comprenaient pas trop ce qui se passait. »« Je ne m’étais pas imaginée qu’un tel décor existait »Dans une scène, deux camions blindés sont acheminés au centre du Palacio. Un matériel couvé par l’équipe du film. « Les engins ont été amenés des Etats-Unis. La production a négocié de pouvoir les garer dans le parking du commissariat de Noisy, détaille Stéphane Bender. Et le jour du tournage, ils ont été escortés par des véhicules de police.. » L’un des plus grands défis de la production a été d’éviter que les gens se mettent aux fenêtres pour regarder le tournage. « Il y avait des gars qui scrutaient les façades et dès qu’ils repéraient quelqu’un, ils lui faisaient signe de se retirer », rigole encore Saada Hamina.« Je suis fan du film mais je ne m’étais pas imaginée qu’un tel décor existait », s’exclame Hermine, enchantée par sa visite à Noisy-le-Grand. « Je croyais même que c’était uniquement des effets spéciaux. » « Le décor réel est tellement proche de celui du film qu’on s’attend à voir Jennifer Lawrence (NDLR : l’actrice principale du film) débarquer à tout moment », renchérit Chloé.Au total, durant 5 jours, ce ne sont pas moins de 350 personnes qui ont participé au tournage. La commission du film de Seine-Saint-Denis évoque des retombées économiques de l’ordre de 1,5 Mâ?¬ réparties entre l’hôtellerie, la restauration, la location de matériel, le stationnementâ?¦ Et, petite revanche des habitants dont le quartier a pu pâtir d’une image parfois négative, cette fois-ci, dans le film, il a servi à illustrer une belle ville, riche et opulente. « C’est la meilleure chose qui soit arrivée au quartier »
Noisy-le-Grand, le 3 décembre. Saada Hamina a joué le rôle d’intermédiaire entre la production d’Hunger Games et les habitants. (LP/Sébastien Thomas.) Sans elle, les Américains auraient peut-être abandonné le tournage à Noisy-le-Grand. Saada Hamina, qui habite le Palacio d’Abraxa depuis 17 ans, a joué le rôle d’intermédiaire entre la production et les habitants afin que le tournage se déroule dans les meilleures conditions. « Un jour, j’ai vu plein de gens dans la loge du gardien et j’ai demandé ce qu’ils faisaient là. Ils m’ont dit qu’ils cherchaient quelqu’un pour parler aux habitants, je leur ai répondu qu’ils venaient de trouver. »C’est surtout par rapport aux jeunes du quartier que Saada va révéler tout son potentiel. « La production voulait engager que quatre jeunes pour assurer la sécurité, je leur ai dit que ce ne serait pas assez. Résultat, elle en a pris six fois plus. Et à 500 â?¬ pour cinq jours, ils ne l’ont pas regretté. » Leur rôle : filtrer les passages sur le site afin de distinguer les habitants des curieux.« Ils ont fait retirer tous les graffitis, ça n’a jamais été aussi propre »« Ils ont découvert l’organisation à l’américaine et ils ont eu des étoiles dans les yeux. Ils ont notamment apprécié la tente restaurant où ils allaient se fournir gratuitement en boisson et viennoiserie. Ils en avaient plein les poches. Je leur ai tout de même demandé de se calmer un peu. »Cette mère de famille a pu aussi apprécier la force de frappe US. « Le réalisateur voulait utiliser tous les décors du Palacio. Ils n’ont pas hésité à faire appel à une entreprise de nettoyage pour retirer tous les graffitis. Le quartier n’a jamais été aussi propre ! »Dans le même ordre idée, le metteur en scène n’appréciait pas les portes d’entrée des immeubles. Qu’à cela ne tienne : elles ont toutes été changées. « Elles étaient magnifiques, en noir et or, mais l’équipe est repartie avec. »« Depuis la sortie, on voit des familles visiter les lieux et prendre des photos »Saada a dû parfois gérer des situations tendues. « Un jeune n’avait pas apprécié de ne pas être engagé. A un moment, durant le tournage, il a balancé une baffle du 14e étage. Le bruit, épouvantable, a planté la scène. Le réalisateur était furieux. Il voulait tout arrêter et partir. Heureusement, on a réussi à rattraper le coup. »Saada garde un excellent souvenir du tournage. « C’est la meilleure chose qui soit arrivée au quartier. Depuis la sortie, on voit des familles qui viennent visiter les lieux et prendre des photos. Si ça peut faire de la pub au Palacio, ce serait génial. »Et pourquoi pas attirer de nouveaux tournages ? Avant Hunger Games, le site avait déjà accueilli les tournages d’« A mort l’arbitre » de Jean-Pierre Mocky (sorti en 1983) et de « Brazil » de Terri Gillian (sorti en 1985).S.T.
2015-12-04 11:00:00
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