Sur l’île appelée prison, lieu de débarquement des naufragés

2024-10-16 11:21:00

Si c’est vrai – pour le dire John Donné – que “aucun homme n’est une île”, pour bien comprendre les voix d’une prison il faut aussi écouter ceux qui restent dehors. Comme certains soirs au Mantellate à Rome ou autour de la Via Filangieri à Milan, où le vent répète les noms des maris, des fils, des frères – presque uniquement des hommes – scandés à pleins poumons par des femmes qui font ainsi passer leur étreinte au-delà des stores. et vous annulez.

La proximité des familles est cruciale dans le parcours des détenus : le personnel pénitentiaire le sait bien, qui le sait bien et comment Daria Bignardidepuis des années, il donne de son temps aux détenus de la prison de Milan. Un lien devenu aujourd’hui un livre, qui est un journal de navigation et un mélange d’histoires, parmi des visages rencontrés ou recherchés. Entre prisons et îles. Entre Saint Victorprincipalement, e Linosa. Pourquoi Chaque prison est une île» (Mondadori, 168 pages, 18,50 euros), dit le titre du volume qui n’est ni une enquête ni un essai, il ne vise pas à expliquer la complexité, mais se développe le long d’un parcours personnel en compagnie des habitants d’une prison et une île.

Au fil des années, certains rochers sont devenus des pénitenciers, parmi les plus durs. Comme leAsinara e Pianosaavec des cellules à sécurité maximale pour les patrons meurtriers. Ou, avec un bond en arrière, comme le panoptique De Saint Étiennedevant Allezoù fut incarcéré le futur Président de la République, Sandro Pertiniaussi Luigi Settembrini. «Nous vivons – notait-il dans le Lettres de la prison à vie – au gré des vents, de la mer et des marins”. Une phrase choisie par Bignardi comme exergue du livre, dans laquelle le lecteur, en rencontrant les détenus, trouve en miroir les maux non résolus du monde extérieur. C’est pourquoi “personne ne veut parler de prison”, affirme l’auteur, qui entre dans le rituel des portes, des sujets de discussion et des “petites questions” en s’efforçant d’élaguer chaque phrase d’excès et de vaine. C’est la vie carcérale qui l’intéresse, faite “de douleur, d’injustice, de pauvreté, d’amour, de maladie, de mort, d’amitié, de regret du bonheur et de désir de liberté”. Mais aussi constitué de conversations, encore plus authentiques intérieurement et extérieurement, car contingentes ; de tourments et de tentatives de réparation, “parce que les prisonniers se sentent coupables par rapport à leurs proches – écrit l’auteur – et ils en parlent continuellement”.

Les histoires (l’ancien prisonnier à perpétuité devenu entrepreneur qui donne du travail à d’autres prisonniers ; l’ex de la bande des Vallanzasca avec la tête non plus « brûlante mais désespérée des années de vie perdues » ; le frère d’une victime de la révolte de Modène avec sa douleur et ses questions ; anciens membres de la lutte armée) sont émaillés de réflexions, qui ne peuvent venir que d’« un soixante-dix-huit », comme on appelle dans le jargon ceux qui ont l’autorisation d’entrer en prison « dans le but de participer au travail de soutien moral des des prisonniers et des internés, et à la future réinsertion dans la vie sociale”. Bignardi le fait dans le département Le navire de San Vittore pour les toxicomanes, comprenant des cours d’écriture, des articles de journaux et une chorale, rendus possibles grâce à la générosité des bénévoles. C’est aussi pour cette raison que chaque prison est différente des autres. Car toute prison est aussi le territoire qui l’entoure. En plus d’être un lieu de communauté où « si le prisonnier se sent mal, le gardien aussi », reflète un ancien prisonnier, convaincu que « ceux-là mêmes qui ont tabassé Santa Maria Capua Vetere à Bouillir ils ne l’auraient pas fait.” De même que ceux qui, dans l’institut de la banlieue de Milan, ont eu accès à une opportunité professionnelle retournent plus rarement au crime, comme le démontrent les recherches sur rechute.

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Depuis des années pourtant, “les prisons ont recommencé à porter les hôpitaux généraux d’antan”, admet le directeur des services pénitentiaires de Paris dans une audience citée par Bignardi. Aubergedes pauvresun refuge pour toutes les catégories de personnes marginalisées. En France, comme en Italie. La prison est donc une île lointaine, un espace séparé de la société des libres, mais parfois même un refuge.



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