2024-11-17 18:44:00
Comme l’a annoncé l’ambassadeur de l’UE Jean-Marc Pisani en début de semaine, l’accord entre Bruxelles et Dakar ne sera pas prolongé dans un avenir prévisible. L’État ouest-africain n’a pas pris de mesures suffisantes pour lutter contre la pêche illégale, a déclaré le diplomate.
En mai, la Commission européenne a attiré l’attention du Sénégal sur les carences dans la lutte et le contrôle de la pêche non réglementée. Les acteurs sénégalais, européens et internationaux sont actifs dans les eaux poissonneuses du Sénégal et prélèvent souvent dans l’eau des quantités plusieurs fois supérieures à celles autorisées.
Les stocks de poissons en forte baisse
« Il n’y a plus de poisson », confirme Florence Dioh, vendeuse du marché. Elle travaille au marché aux poissons de la ville côtière de M’bour. « Je ne sais pas pourquoi. Mais les gens disent que les gros navires sont à blâmer. Ils font fuir les poissons », rapporte-t-elle. Il en résulte une augmentation notable des prix, car les bons et gros poissons sont devenus rares et il y a moins de travail. « J’achète le poisson frais du bateau et je le revends ici, au marché », explique-t-elle. Selon la FAO, la pêche au Sénégal soutient 53 000 emplois directs et plus d’un demi-million d’emplois indirects.
Il n’y a plus de poisson. Les gens disent que les gros navires sont à blâmer
Florence Dioh, vendeuse de marché
Le marché aux poissons de M’bour est le meilleur exemple de cette filière. Un grand nombre de personnes trouvent du travail dans l’agitation : ceux qui sortent sur les bateaux ; ceux qui aident au débarquement et au déchargement des navires ; ceux qui transforment le poisson ; et à leur tour ceux qui le vendent.
Mais le rendement est devenu rare, estime Florence Dioh. Les pêcheurs locaux, qui n’effectuent souvent leur travail que sur de simples bateaux en bois, dénoncent depuis longtemps la concurrence des flottes de pêche étrangères. Face à la diminution des stocks et à la faiblesse de la situation économique du pays, de plus en plus de Sénégalais osent entreprendre la dangereuse traversée vers l’Europe. La diminution des stocks de poissons est devenue un moteur de migration irrégulière.
10 000 tonnes de poisson en cinq ans
L’accord de pêche avec l’UE au Sénégal suscite depuis longtemps des critiques. On dit que cela a amélioré l’exportation de produits vers l’Europe, mais n’a pas contribué à la valeur ajoutée nationale. On constate entre autres un manque de surveillance des activités des navires étrangers.
Il n’y a eu jusqu’à présent aucune réaction officielle du Sénégal à l’expiration de l’accord. Lorsque le président Bassirou Diomaye Faye est arrivé au pouvoir en mars de cette année, l’homme politique de gauche a annoncé qu’il mettrait clairement les intérêts nationaux au premier plan à l’avenir et examinerait tous les contrats, y compris les accords de pêche. Alors que l’accord expire dimanche, le pays élira un nouveau parlement.
Lors d’un meeting de campagne lundi, le Premier ministre Ousmane Sonko, connu pour ses discours populistes, a critiqué le “pillage des ressources par les navires étrangers”. Selon l’ambassadeur de l’UE Jean-Marc Pisani, les pêcheurs de l’UE ont capturé environ 10 000 tonnes de poisson dans les eaux sénégalaises au cours des cinq dernières années, soit moins de 1 pour cent du total des captures déclarées de toutes les flottes. Quoi qu’il en soit : les bateaux de pêche européens ne sont pour l’instant plus dans les eaux sénégalaises.
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