Les syndicats de l’éducation et les représentants des parents d’élèves appellent à des mesures concrètes pour favoriser la mixité sociale dans les collèges du Territoire de Belfort après une réunion décevante organisée par le conseil départemental.
Ce dernier, en charge de la gestion des collèges, va procéder à un changement de sectorisation à la rentrée prochaine entre deux collèges de Belfort, qui touchera près d’une dizaine de familles par an : « La montagne accouche d’une souris » résume Benoit Guyon, co-secrétaire départemental du SNES-FSU, premier syndicat enseignant dans le second degré, alors que l’organisation milite depuis plusieurs années pour revoir la carte départementale des collèges. Le risque, selon lui, est d’aller vers une forme de ségrégation, avec des établissements qui perdent des effectifs et se paupérisent quand d’autres sont surchargés.
Le dernier changement en question renvoie des élèves précédemment rattachés au collège Rimbaud de Belfort à celui de Châteaudun : « C’est une non-décision. Ce que nous voulons, c’est un véritable réflexion qui associe l’ensemble des parties prenantes , parents d’élèves, professeurs et maires pour aboutir à une carte scolaire qui soit dans l’intérêt de tous. Toute la société a un intérêt à ce qu’il y ait de la mixité sociale dans les établissements » explique Benoit Guyon, qui parle d’un espoir qui fait pschitt.
« La réponse est en dessous de nos attentes, c’est un faible mot » appuie Sandrine Claude, présidente de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) dans le Territoire de Belfort, qui a signé une déclaration commune aux côtés des syndicats d’enseignants avant la tenue du dernier Conseil départemental de l’Éducation nationale (CDEN), le 8 décembre dernier. Ces différents représentants ont choisi de ne pas y participer, pour manifester leur déception : « Nous ne nions pas le travail qui a été fait, mais la réponse n’est pas à la hauteur. S’ajoute à cela un débat purement politique qui n’est pas dans l’intérêt des élèves » relève Sandrine Claude.
Elle invoque pour cela les effets positifs de la mixité sociale sur le climat scolaire et la réussite, souligne-t-elle, de tous les élèves : « L’école est représentative de la société. Dans notre vie, notre activité professionnelle , nous sommes amenés à rencontrer plein de gens. L’école c’est ça, c’est rencontrer des personnes issus de milieux différents ». Le manque d’enthousiasme de certains parents à changer leur enfant d’établissement, explique-t-elle, relève souvent « d’idées reçues et de problèmes d’images », résoluble par de la pédagogie : « D’un point de vue pratique, cela ne change quasiment rien, notamment dans le centre ville de Belfort, puisque nous avons la chance d’avoir un réseau de transport performant » ajoute la présidente de la FCPE.
Ces membres de la communauté éducative regrettent un manque de volonté des collectivités : « Cela fait des années que l’on parle de ce sujet, un vrai serpent de mer commente Françoise Martin, représentante de l’UNSA Education dans le Territoire de Belfort. Mais la promesse d’égalité des chances de l’école républicaine ne se déclare pas sur le papier. Il faut des actes. Cela veut dire, dans les faits, qu’on ne fabrique pas des collèges pour enfants privilégiés et d’autres pour les enfants en difficulté. Nous devons apprendre à nos enfants à vivre ensemble. »
Le conseil départemental n’a pour l’instant pas souhaité s’exprimer sur le sujet de la sectorisation des collèges. D’après les syndicats, celui-ci est clos jusqu’à nouvel ordre. Une commission départementale de l’éducation nationale pourrait être convoquée dans un délai qui n’est pas connu à ce jour.
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