Tabagisme en France : la diminution se poursuit, malgré des chiffres en dents de scie

La baisse du tabagisme en France a été importante entre 2014 et 2019, mais les chiffres récemment publiés montrent que cette baisse s’est arrêtée voire même que le nombre de fumeurs augmente dans certaines catégories. Serions-nous face à un seuil incompressible de fumeurs, comme en matière de sécurité routière ? Le Pr Bertrand Dautzenberg répond par la négative. La réponse est non! Le problème réside dans le fait que le chiffre relatif au tabac en France est mal mesuré, puisque seules de grandes enquêtes sont menées par Santé Publique France et sont publiées presque un an et demi ou deux ans après la collecte des données. Les chiffres de l’INCA, qui ont été mesurés au moment de la pandémie du Covid-19, ont également faussé les mesures, malgré les corrections apportées, car le Covid-19 a modifié les habitudes de vie des Français, certains ont fumé plus, d’autres moins, ce qui explique les biais observés. Les livraisons de cigarettes sont la deuxième mesure du tabagisme, elles sont beaucoup plus fiables et annoncées mois par mois et région par région. Les ventes de tabac diminuent globalement depuis ces 10 à 15 dernières années, ce qui devrait conduire à moins de 5% de fumeurs en 2032, selon les prévisions. Les jeunes nés après 2014 devraient tous être non-fumeurs à 18 ans, et on est sur la bonne trajectoire. Les chiffres plus récents, notamment ceux publiés pour l’année 2022, montrent encore une diminution, avec une consommation régulière de tabac de 16% alors que nous étions à trois fois plus il y a quelque temps. Les effets du tabagisme sur la santé diminuent très nettement, notamment en ce qui concerne le cancer du poumon, une maladie qui est essentiellement liée au tabac. Ainsi, on observe une diminution importante chez les hommes, en particulier chez les moins de 45 ans, avec un tiers de cancers du poumon en moins qu’il y a 30 ans chez les hommes, alors que chez les femmes, cela continue d’augmenter mais on arrive à la fin de cette augmentation. Cependant, on enregistre encore 75 000 morts par an dus au tabagisme en France. Le tabac reste de loin la première cause de mortalité évitable en France, donc il est encore beaucoup à faire. Le gouvernement vient d’annoncer une nouvelle hausse du prix du tabac, certaines associations de lutte contre le tabagisme voudraient aller plus loin. Le Pr Bertrand Dautzenberg estime qu’on est sur une trajectoire de diminution qui lui plaît, mais on pourrait aller plus vite. Si l’on prend des mesures qui ne sont pas acceptées, cela peut entraîner des effets rebonds. En ce qui concerne la cigarette électronique qui est combattue par certains en France, le Pr Dautzenberg estime que la “puff” qui est une cigarette électronique jetable est surtout une bêtise sur le plan de l’écologie, bien que ces produits plaisent aux jeunes mais aussi aux adultes, cela sert davantage de produit de détournement du tabagisme qu’une porte d’entrée. Le Pr Dautzenberg continue de croire que la cigarette électronique est davantage un produit de détournement du tabagisme qu’une porte d’entrée, même si toutes les données objectives ne sont pas encore disponibles pour confirmer cela. Les risques théoriques représentés par l’utilisation de cigarettes électroniques qui contiennent de la nicotine qui génère une dépendance existent toujours, au point de vue des risques.
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