Taïwan et la corde raide de l’UE | Opinion

Taïwan et la corde raide de l’UE |  Opinion

Sur la question de Taïwan, l’Union européenne balance : elle veut avoir son propre agenda sans être fixée par les États-Unis, c’est-à-dire exercer son autonomie stratégique. Mais en même temps, cela ne doit pas le conduire à faire le jeu de la Chine, qui cherche justement une Europe non alignée sur Washington.

De tous les dirigeants européens qui se sont rendus à Pékin ces derniers mois, Emmanuel Macron est celui qui a le plus tendu la corde, suscitant des débats à l’intérieur et à l’extérieur de l’UE. Le président français a insisté sur le fait que les priorités de Bruxelles ne sont pas celles de la Maison Blanche et que le pire pour les Européens serait “d’entrer dans une logique de blocs”, à la suite de ce que la Chine ou les Etats-Unis ont fixé. deux puissances, la plus critique interprétant que Macron faisait preuve de complaisance envers la Chine, ce qui semblait être un coucou avant Xi Jinping, le terme chinois qui signifie se prosterner devant un chef comme cela se faisait devant les empereurs. D’autres soulignent que le président français ne pensait pas tant à l’Europe qu’aux entreprises de son pays. Il est vrai que plusieurs entreprises françaises comme Airbus et EDF l’ont accompagné lors de sa visite, qui a repris l’avion avec des contrats signés.

La Chine suit ces discussions d’une centaine d’yeux : elle en est très préoccupée car Taïwan est une priorité nationale, un enjeu clé du troisième mandat de Xi. Et la position de l’UE l’affecte, puisqu’il s’agit de son deuxième marché. Force est de constater que la propagande officielle se met en quatre avec tout dirigeant qui prend ses distances avec Washington, comme aujourd’hui avec Macron. Il est curieux que le concept d’autonomie stratégique soit lié à un moment difficile avec Bruxelles, lorsqu’en 2019 l’UE a officiellement déclaré la Chine rivale systémique. Pourtant, aujourd’hui, pour le Parti communiste, c’est un moindre mal, comparé à ce que ce serait pour eux si Bruxelles se rangeait du côté de Washington. Les médias chinois ont souligné de manière positive ces jours-ci que l’autonomie peut amener l’Europe à avoir “une vision objective de la Chine”. Cui Hongjian de l’Institut international d’études chinoises a déclaré que le plus grand test pour les Européens dans le développement d’une telle autonomie serait de savoir s’ils cèderaient à la pression américaine ou géreraient leurs différences et trouveraient des moyens de coopérer avec la Chine.

C’est un moment difficile : Pékin déploie toute sa diplomatie pour récupérer les trois années qu’il a passées pratiquement isolées par la pandémie. Il y a de nombreuses tâches en suspens, à commencer par un accord d’investissement UE-Chine qui n’a pas encore été signé et qui a été soulevé dans un monde pré-covid, c’est-à-dire très différent. Depuis, Pékin s’est engagé dans une phase de plus de sécurité, de plus de contrôle, encore moins de libertés. Il a réussi à publier l’histoire qu’il peut servir de médiateur pour la paix en Ukraine. Entre-temps, il vient d’emprisonner deux avocats historiques de la lutte pour les droits de l’homme accusés de subversion contre l’État. Il faut composer avec tout ça. @anafuentesf

Abonnez-vous pour continuer à lire

Lire sans limites

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.