2024-05-30 04:11:01
Le premier ministre des Finances du Brésil, Fernando Haddad, à Sao Paulo, au Brésil, le 24 mai. TOMMASO PROTTI POUR LE MONDE
“Le successeur” : Au Brésil, c’est ainsi que beaucoup de gens font référence à Fernando Haddad. A 61 ans, l’ancien maire de Sao Paulo et candidat de gauche à l’élection présidentielle de 2018 est désormais ministre des Finances. Il est considéré comme le successeur le plus sérieux du chef de l’Etat, Luiz Inacio Lula da Silva. En tant que président de la réunion des ministres des Finances du G20, qui se tiendra les 18 et 19 novembre, il plaide avec force en faveur d’une imposition minimale des super-riches au niveau international.
Croyez-vous à la possibilité d’un accord du G20 visant à taxer les super-riches, et quelles en seraient les conditions ?
Cette question a de grandes chances d’aboutir car elle constitue à la fois une urgence et une nécessité pour les Etats. Cela impliquerait de taxer environ 3 000 individus sur la planète, qui détiennent quelque 15 000 milliards de dollars. [€13,818.5 billion] riches et qui paient en fait très peu d’impôts. Notre ambition est de réussir à taxer la richesse sur la base du patrimoine. Nous restons néanmoins prudents quant au mécanisme approprié à adopter et aux détails d’une telle mesure, qui est encore en discussion au G20.
La position du Brésil va au-delà de la simple taxation des super-riches. Il propose que l’argent collecté ne soit pas utilisé à des fins domestiques par chaque pays, mais alloué à un fonds international pour résoudre des problèmes mondiaux, comme la crise climatique ou la lutte contre la pauvreté. C’est une idée très sensible et qui ne peut être réalisée qu’à long terme. Mais ce serait une avancée extraordinaire à l’échelle mondiale !
Vous avez reçu le soutien du ministre français des Finances Bruno Le Maire et sollicité l’expertise de l’économiste français Gabriel Zucman. Le soutien de Paris est-il important ?
Le soutien du président Emmanuel Macron et de son gouvernement est très important, mais la France n’est pas le seul pays à soutenir la proposition brésilienne. L’Espagne a également exprimé son soutien. Même si de nouvelles discussions sont nécessaires, Janet Yellen [US Treasury secretary] s’est déclarée favorable à la fiscalité. Cette idée a gagné en force, en ampleur et en élan, même si certains pays du G20 n’ont pas encore pris leur décision. Je pense par exemple au chancelier allemand Olaf Scholz, mais aussi au groupe BRICS. [Brazil, Russia, India, South Africa and China]. J’aurais aimé voir une déclaration de la Chine ou de l’Inde en faveur de notre proposition.
Considérez-vous les BRICS, dominés par la Chine, comme une alternative aux alliances traditionnelles du Brésil ?
Je vais exprimer ici ma position personnelle, pas celle du gouvernement brésilien. Le concept du Sud global est sympa [laughs]. Je suis moi-même d’origine libanaise, donc cosmopolite et mondialiste par nature. Avec sa population majoritairement d’ascendance africaine et ses liens profonds avec l’Afrique, le Brésil est évidemment favorable à ce terme mais pour moi, la première vocation stratégique du groupe BRICS est de renforcer le G20.
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