2024-10-14 16:23:00
Les déchets plastiques, fléau mondial, sont un grand problème en Afrique. Le Tchad n’échappe pas à la règle. La ville de N’Djamena, à elle seule, génère 19,764 tonnes de déchets par an, selon les chiffres officiels donnés par le ministère de l’Environnement, de l’eau et de la pêche.
Le plastique fait partie du quotidien des Tchadiens. Il provient des magasins où il sert à emballer toute sorte de biens, y compris les aliments. Sa composition et sa production de masse sont de plus en plus néfastes pour l’environnement.
Dans la capitale N’Djamena, de nombreuses matières plastiques jonchent les dépôts d’ordures, les rigoles, les rues, etc. Sachets et bouteilles plastiques prennent en otage le lit de nombreux cours d’eau et même les lieux publics. Ces rebuts finissent par les étouffer, créant des inondations, surtout au moment des fortes pluies.
À qui la faute ?
Bien que toxiques, les plastiques s’imposent davantage dans les marchés de la ville. Les citoyens se souviennent de l’arrêté municipal portant interdiction de l’importation, la commercialisation et l’utilisation des plastiques communément appelés « LEYDA » sur l’étendue du territoire national. Mais quelques années plus tard, les plastiques courent toujours dans les rues.
Madame Zenaba Ngagoubourésidente autour du marché d’Abena, exprime son mécontentement à l’endroit de la police municipale. Selon elle, la mairie est la cause principale de ce désagrément, car c’est elle qui permet à ces personnes de venir jeter les poubelles dans les rues et de surcroît devant la devanture des habitants de ce quartier. « Ce n’est pas du tout bien que ces déchets plastiques soient déposés devant nos portes. C’est la mairie qui les ordonne de venir les déposer dans cet endroit alors qu’il y a une caisse de poubelles juste à côté. La mairie devrait leur interdire en disant que cela est néfaste pour la santé de ceux qui habitent tout autour.«
Verser Annour Issa, un jeune passionné d’écologie, c’est plutôt la population qui en est seule responsable, parfois par simple ignorance ou par orgueil : « Beaucoup de Tchadiens ignorent jusqu’à là les enjeux des déchets plastiques et même ceux qui savent en font exprès. »
La lutte contre la pollution plastique interpelle tout le monde, autorités publiques et société civile. Elle représente un grand défi pour le pays, en particulier pour la ville de N’Djamena. La réussite de cette lutte contribuera à faire du Tchad un pays exemplaire en matière de préservation de l’environnement.
La nécessité d’une prise de conscience et d’une action
La preuve scientifique ne fait plus de doute que c’est la prolifération des plastiques dans l’environnement qui est à l’origine de la pollution qui, aujourd’hui menace les terres tchadiennes. Les cours d’eau et rigoles sont les plus sensibles à cette pollution. Lorsque le plastique se décompose, il est encore plus difficile de le retirer des cours d’eau. En bouchant les égouts et en fournissant des airs de reproduction, les déchets plastiques peuvent augmenter la transmission des maladies à contagion vectorielle comme le paludisme.
« Pendant cette période de pluie, c’est vraiment une catastrophe avec ces déchets qui sont versés devant chez nous. Quand il pleut, ma cour est remplie de plastiques sales, j’ai des enfants qui sont exposés aux maladies telles que le paludisme. Pour le cas des moustiques, n’en parlons même pas » s’inquiète Madame Allarmadji Solange.
Monsieur Maskidabayecouturier qui a son atelier non loin, renchérit que ce n’est pas du tout facile de travailler dans cet endroit. Pour lui, il faudrait que les responsables prennent une décision et que la population elle-même prenne conscience. « Je travaille ici jusqu’à la nuit et c’est difficile de travailler avec les moustiques. Pour dire vrai, c’est horrible. Il faut que l’État pense vraiment à ce problème, qu’il prenne de mesures nécessaires »dit-il.
L’urgence est déjà au cœur des discussions. Le Tchad a la possibilité de rejoindre les pays qui s’engage en faveur d’un environnement propre, d’autant qu’il aspire au développement. La présence massive des matières plastiques nécessite d’une action urgente.
Insuffisance des moyens
Le combat contre la pollution plastique au Tchad est loin d’être gagné. Le manque d’infrastructures, l’insuffisance de moyens financiers et l’absence de cadre juridique font obstacle à une gestion efficace des déchets plastiques.
Néanmoins, la volonté et l’ingéniosité des acteurs locaux laisse entrevoir un avenir prometteur. Encourager le développement du secteur du recyclage, soutenir les initiatives locales et sensibiliser les populations sont autant de pistes à explorer pour transformer le problème du plastique en une véritable opportunité pour le Tchad.
L’engagement et la créativité des Tchadiens font naître l’espoir d’un avenir plus propre et plus durable et le plastique, autrefois considéré comme un fléau, peut devenir une source de développement et de prospérité pour le pays.
Des initiatives locales à encourager
Face à l’accumulation de déchets plastiques et à l’absence de solutions de gestion adéquate, des initiatives locales ingénieuses émergent. Transformant les plastiques en opportunité, des Tchadiens s’activent pour donner une nouvelle vie à ces derniers.
Dans les rues de N’Djamena, on croise des collecteurs informels. Munis de charrettes ou de tricycles, ils sillonnent les quartiers pour collecter les plastiques. Récupérés pour quelques francs CFA, ils constituent une source de revenus pour ces travailleurs acharnés. Le plastique collecté est ensuite acheminé vers des unités de recyclage. Là, il est transformé en granulés, matière première pour la fabrication de divers produits : charbon écologique, pavé écologique, etc, les exemples d’innovation ne manquent pas.
De nombreuses organisations s’investissent dans la lutte contre la pollution plastique. Sensibilisation, formation et création d’emplois, leurs actions contribuent à la création d’une économie circulaire plus durable. Parmi ces organisations : l’Association « Activistes écologiques » se distingue par son engagement et sa détermination à ramasser les déchets plastiques et à restaurer la beauté de notre planète. « Nous voulons conscientiser la jeunesse et la population sur l’importance et la protection de l’environnement, mobiliser les jeunes afin d’échanger les idées sur l’éducation, le réchauffement climatique et le bien-être social, l’assistance aux personnes vulnérables en cas de catastrophes naturelles, l’hygiène et assainissement, le recyclage et la gestion des déchets » a souligné le Secrétariat général de l’association, Djouafri Dominique.
International Student Environnemental Coalition (ISEC-CHAD)une organisation de jeunesse qui lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement. Elle regorge de bénévoles qui mettent sur pied de projets de ramassage et recyclage de déchets plastiques et organiques en des produits utiles. Ils sensibilisent et conscientisent la population, notamment les élèves et étudiants, considérés comme les plus exposés à la pollution.
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