La méga star du judo français a annoncé de façon in extremis le mercredi 24 janvier sa participation au Grand Chelem de Paris, du 2 au 4 février. Une occasion de marquer la concurrence à six mois des Jeux de 2024.
En saison olympique, les succès estivaux se préparent souvent durant l’hiver précédent. Certains favoris aiment se faire oublier, paraissant lâcher prise pendant un moment afin de mieux revenir au moment critique. D’autres, au contraire, cocheront quelques dates clés en se faisant une place dans l’esprit de l’opposition jusqu’à l’heure de vérité. Cette stratégie du tatouage mental indélébile a toujours été celle du Français Teddy Riner. Le tenant du titre mondial des +100 kg a attendu d’être à J-8 du tirage au sort de la 50e édition du Grand Chelem de Paris pour faire monter la pression dans toute une catégorie. Quand le chat est de retour, les souris dansent soudain moins bien.
Installé dans un faux rythme depuis le début de l’olympiade censée le mener au triomphe à Paris 2024, entre souci d’économies et crainte constante de blessures invalidantes, Teddy Riner reste peu présent mais toujours vainqueur du tapis – avec 24 victoires consécutives à l’international depuis les JO de Tokyo, dont deux grands chelems et un onzième titre mondial en mai 2023 au Qatar. Exit les années 2020 et 2021 où, en manque de timing et de réglages après un an et demi de pause, il en était arrivé en dix-sept mois à concéder autant de défaites (trois) que sur les quatorze saisons précédentes. Sur le papier, l’enjeu est double : tester l’opposition et grimper au classement international pour obtenir le droit de sauter un tour aux JO, un privilège que le Guadeloupéen ne peut plus objectivement laisser passer, lui dont l’état civil affiche 34 printemps, mais dont l’âge ressenti après deux décennies à une altitude aussi élevée est probablement le double.
Fonctionnement “à la carte”
Où en est-il à près de deux cents jours du point culminant de sa cinquième campagne olympique ? Sur les réseaux sociaux, son hashtag #TrainLikeRiner en dit long sur son récent parcours de ce double père de famille. Il est mentionné un jour au Kazakhstan, un autre au Brésil, un troisième au Japon, au Maroc ou en Guadeloupe, toujours entouré de partenaires d’entraînement locaux sélectionnés sur-mesure et d’un staff fidèle. “Il a un fonctionnement totalement autonome,” souligne Baptiste Leroy, responsable de l’équipe de France masculine depuis l’automne 2022. “À dire vrai, nous le croisons presque aussi rarement que notre équipe féminine, mais quand il rejoint le groupe, il se fond totalement dans le collectif.” Lors des championnats d’Europe à Montpellier début novembre, le taulier du PSG Judo s’est contenté de faire une apparition en loges. L’émeute culturelle explique également son fonctionnement distant – “à la carte”, assume son entraîneur personnel, Franck Chambily.
À l’AccorArena, le premier dimanche de février, le Français pourrait affronter une opposition prometteuse ouzbèke, cubaine ou finlandaise. Surtout, il pourrait affronter pour la première fois depuis quatre ans le Tchèque Lukas Krpalek, qui a tout gagné en -100 kg et en plus de 100 kg depuis dix ans, mais qui, comme beaucoup, ne l’a jamais battu. Six mois et neuf petites stations de métro le sépareront ensuite de cette troisième couronne olympique individuelle qui lui semble promise depuis près de deux décennies déjà.
#Teddy #Riner #les #raisons #dun #retour #surprise #Libération
publish_date]