TÉMOIGNAGE. À tricycle, cette personne handicapée retrouve « une grande liberté »

TÉMOIGNAGE. À tricycle, cette personne handicapée retrouve « une grande liberté »

Sur la digue de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine)les cyclistes se bousculent en cette journée ensoleillée. Le bolide de Pascal Lemée, lui, sort du lot. Un tricycle pour cet homme de 58 ans ? Oui, un vélo bien pratique avec son grand panier à l’arrière, pour quiconque veut aller chercher ses courses, comme il s’apprête à le faire. Mais surtout, un véhicule parfait pour redonner de la mobilité à ceux qui en ont perdu, faute de stabilité, suite à un AVC ou à cause de la maladie de Parkinson par exemple.

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Pascal, lui, adorait le vélo et la moto lorsqu’avec cette dernière, il y a 12 ans, sa route a croisé celle d’une voiture : Un coup de vent sur la droite m’a écarté de la voie et j’ai percuté la voiture avec ma jambe.Il sort de cet accident amputé de la jambe gauche et, pendant plusieurs années, se déplace en voiture et à pied, équipé de sa prothèse, mais qui le fatigue rapidement. Je voulais refaire du vélo mais c’était compliqué. Si je sors la jambe du vélo à gauche et que je dois la poser, elle a pas le temps de se déplier et de se stabiliser, donc c’est casse-gueule.

« Quand on fait du tricycle, il faut oublier tout ce qu’on fait à vélo »

Après avoir repéré pour la première fois un tricycle dans un magasin de parapharmacie, il en trouve d’occasion, pour environ 1 000 €. En plus de sa stabilité, le tricycle a pour avantage d’avoir un cadre très bas, à une dizaine de centimètres du sol environ, qui facile l’enjambée.

Avec son cadre bas, à quelques centimètres du sol, le tricycle facilite l’enjambée avant de s’asseoir. Pascal Lemée a également rajouté des cales aux pédales pour maintenir son pied. © Ouest-France

L’achat se conclut rapidement mais ne relève pas de l’évidence : Quand on fait du tricycle, il faut oublier tout ce qu’on fait à vélo. J’ai galéré. D’ailleurs, quand je l’ai essayé la première fois je me suis dit que j’allais jamais y arriver. À force d’entraînements, dans la cour en bas de chez lui, Pascal apprend à choper le coup de guidon, le pousser d’avant en arrière selon la direction souhaitée et bien ralentir dans les virages pour ne pas chavirer.

photo la particularité du tricycle est de ne pas pouvoir pencher dans les virages, il faut donc s’habituer à manier le guidon pour le tourner correctement.  ©  ouest-france

La particularité du tricycle est de ne pas pouvoir pencher dans les virages, il faut donc s’habituer à manier le guidon pour le tourner correctement. © Ouest-France

Il reste pour autant très dépendant des infrastructures mises en place pour les vélosmais pas forcément pensées pour les modèles larges comme le sien : Le pire pour moi c’est les boudins sur la route. Avec les vélos on peut les éviter, mais avec un tricycle on peut pas.Si agile désormais, il échappe aux obstacles en tout genre qui peuvent déstabiliser et s’amuse même de savoir rouler sur deux roues, comme un char à voile !

Un tricycle sur-mesure

Très bricoleur, cet ancien agent de maintenance dans les ascenseurs puis dans l’informatique, a totalement remodelé le tricycle pour correspondre à ses besoins : J’ai passé toutes les commandes à droite parce que ma main gauche ne fonctionne plus.Il montre du doigt cette poignée particulière qui provient d’un quad, pour réunir les câbles de frein avant et arrière. Au niveau des pieds, il a installé des cales, utiles pour l’aider à relever la pédale et pour maintenir sa prothèse dessus.

Au compteur : près de 3 200 km déjà parcourus. Équipé d’une assistance électriqueson tricycle possède une batterie de 250 W qui peut tenir 80 km en autonomie sur du plat. De quoi rouler en ville, comme faire de longues randonnées : Ça m’a permis d’aller dans des endroits où je ne pouvais plus aller.

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