La mémoire du colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame semble délicate à porter pour ses anciens compagnons d’arme venus témoigner devant la cour d’assises spéciale de Paris. Comment, lorsqu’on sert une institution dont la règle ne se discute pas et où le protocole sauve des vies, trouver les mots justes pour honorer celui qui a donné la sienne en contrevenant à toutes les procédures d’intervention ?
Au deuxième jour du procès des attentats de Trèbes et Carcassonne (Aude), mardi 23 janvier, trois anciens collègues d’Arnaud Beltrame ont raconté l’opération au cours de laquelle le colonel a perdu la vie. Chacun à sa manière, ils se sont efforcés de rester fidèles à la discipline militaire sans écorner l’image du héros, esquissant, tout en retenue et en non-dits, l’ambivalence d’un sacrifice qui a profondément marqué la gendarmerie.
Ce 23 mars 2018, vers 10h50, Radouane Lakdim, un délinquant radicalisé, vient de s’enfermer avec une otage, une hôtesse de caisse, dans la salle des coffres du Super U de Trèbes, après avoir tué trois personnes.
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