Il y a un an, le 8 février, un autobus a été intentionnellement lancé contre une garderie de Laval, tuant deux enfants. À l’approche de cet anniversaire tragique, alors que les motivations du suspect demeurent inconnues, des parents et des intervenants ont accepté de partager leurs souvenirs de cette journée chaotique et tragique.
Quelques minutes seulement après l’impact de l’autobus sur la façade, des éducatrices de la garderie ont fait preuve d’un sang-froid exemplaire en chantant des comptines de Passe-Partout, en jouant au ballon et en prenant même soin d’offrir une collation aux petits afin qu’ils soient distraits et épargnés du chaos.
«Je veux que chaque parent sache que son enfant n’a pas manqué d’amour ce matin-là, raconte avec émotion une éducatrice qui préfère taire son nom pour éviter d’être associée publiquement au drame. On a travaillé ensemble pour faire comme une barrière, on voulait qu’ils se rendent compte le moins possible de ce qui se passait. Et s’il y en avait des plus fragiles, on les gardait collés sur nous.»
Tout de suite après le choc, les employées se sont empressées d’amener les enfants dans la pouponnière de l’établissement, soit le local le plus loin de celui touché.
«Je me souviens quand je suis entrée, je n’en revenais pas comme c’était calme malgré les circonstances, explique Isabelle Jutras, une paramédic d’Urgences-santé déployée sur les lieux. Les éducatrices ont vraiment été formidables pour calmer et rassurer les enfants. Je me serais attendue à des crises de larmes.»
Passe-Partout dans l’autobus
Avec l’aide des pompiers, les enfants et le personnel ont été transférés dans le gymnase de l’école primaire voisine à bord d’un autobus scolaire. Mais attention – malgré l’anarchie sur place, pas question qu’un enfant quitte avec le mauvais cache-cou ou les mitaines d’un autre enfant. Une attention particulière a été donnée afin que tous les «amis» soient habillés convenablement pour braver le froid de février.
Une fois à bord, les éducatrices ont entonné les comptines favorites des petits, comme Saute, saute, saute, petite grenouille, du répertoire de Passe-Partout, ou Les roues de l’autobus, tout à fait à propos dans le contexte.
«La plupart des enfants étaient excités de faire leur premier tour d’autobus», raconte-t-elle.
La collation dans le gymnase
Une fois à l’école, on a sorti des ballons pour amuser les enfants en attendant l’arrivée de leurs parents. Une collation a même été offerte aux petits afin de rester le plus près possible de la routine quotidienne.
«On vient qu’on les aime comme si c’était les nôtres», dit l’éducatrice.
Malgré son travail impressionnant, celle-ci croit humblement qu’elle n’a fait que son boulot.
«Ma tâche première, c’est d’assurer la sécurité des enfants. C’est sûr que normalement, j’entends par là de m’assurer qu’ils ne tombent pas, qu’ils ne font pas de réaction allergique ou d’aviser leurs parents s’ils font un pic de fièvre. Mais même dans ce contexte-là, où on venait de défoncer la garderie, la seule chose à laquelle je pensais, c’était de mettre les enfants en sécurité.»
Une fois que tous les petits ont quitté le gymnase, un silence absolu a régné dans la vaste pièce. Tout le monde pleurait, se souvient l’éducatrice. La réalité venait finalement de frapper les membres du personnel, qui se laissaient pour la première fois de la journée le droit d’avoir de la peine.
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