Tensions dans la mer Rouge : des rebelles yéménites à la menace pour le commerce mondial

Tensions dans la mer Rouge : des rebelles yéménites à la menace pour le commerce mondial

Chaque jour, les rebelles houthistes du Yémen envoient un message explosif dont l’écho retentit bien au-delà des côtes de la mer Rouge et du détroit de Bal-el-Mandeb. Vendredi, un missile a visé un destroyer de la marine américaine, l’« Arleigh Burke ». « Il a été détruit sans faire de dommages ni de blessés », a réagi le commandement militaire des États-Unis. Deux jours avant, l’US Navy avait dû escorter deux navires de la filiale américaine de l’armateur Maersk obligés de rebrousser chemin après avoir essuyé trois tirs de missiles, dont deux ont été interceptés tandis que le troisième manquait sa cible.
Des incidents comme ceux-ci sont devenus monnaie courante dans une mer où circule 12 % du trafic maritime mondial et où la thrombose menace. Selon les Nations unies, le tonnage transitant par le canal de Suez, à l’extrémité nord de la mer Rouge, a chuté de 42 % en deux mois. Et le trafic des conteneurs passant par cette route maritime s’est effondré, les grands chargeurs mondiaux préférant désormais faire transiter leurs navires par la longue route contournant l’Afrique.

Hydrocarbures, la panne
Pour l’Europe, une locomotive du commerce mondial, la perturbation de cet axe majeur est observée avec inquiétude. « 2024 sera décisive, car on s’attend à l’accroissement des tensions de la mer Rouge jusqu’au détroit de Taïwan », a lancé la présidente de la Commission en marge d’une conférence sur le climat à Hambourg. Pour Ursula von der Leyen, la « nouvelle normalité » à laquelle il va falloir s’habituer rime avec « ruptures plus fréquentes des chaînes d’approvisionnement et volatilité accrue des marchés de l’énergie ».
Gros producteur de gaz, le Qatar a fait savoir que ses livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) étaient directement affectées par une escalade jugée « la plus dangereuse dans la région » par son Premier ministre, l’émir Al-Thani. Le trafic de gaz par cette artère essentielle du commerce des hydrocarbures est d’ailleurs à l’arrêt. Et la mer Rouge est désormais évitée par de nombreux pétroliers (baisse de 18 % du trafic depuis les premières attaques des rebelles yéménites), mais aussi de cargos vraquiers chargés de grains ou de charbon (-6 %).

Nouvelle frégate française
La liberté de navigation est donc clairement menacée, les Houthis menaçant d’intensifier leurs actions aussi longtemps que la guerre israélienne à Gaza, malgré une baisse d’intensité, se poursuivra. Et ils sont parvenus à entraîner les États-Unis et la Grande-Bretagne dans une escalade. Car l’opération de sécurisation maritime « Prosperity Guardian » lancée par Washington le 18 décembre a, depuis le 11 janvier, un volet offensif sous forme de frappes directes sur les sites côtiers utilisés par les rebelles yéménites.
Paris a rehaussé sa posture en envoyant une seconde frégate sur zone, l’« Alsace », afin d’assurer « la surveillance des attaques contre les navires commerciaux ». Ce qui porte à trois le nombre de navires tricolores impliqués, en comptant un gros bateau ravitailleur, le « Jacques-Chevallier ».

Des Houthis à Moscou
De leur côté, Américains et Britanniques ont engagé des sanctions – gel d’avoirs, interdictions d’accès à leurs territoires – contre les responsables houthistes qu’ils considèrent comme responsables de ces attaques en rafale. Parmi eux, figure le ministre de la Défense et le commandant des forces navales d’une rébellion chiite yéménite aguerrie par huit années de conflit contre la coalition menée par l’Arabie saoudite, et bénéficiant du soutien indéfectible du régime de Téhéran.
Signe que le conflit a largement dépassé le stade régional, une délégation de Houthis vient de se rendre à Moscou. Avec pour objectif, a indiqué un porte-parole de la rébellion, « d’intensifier la pression sur les États-Unis et Israël pour mettre fin à la guerre à Gaza » mais aussi « acheminer de l’aide humanitaire aux Palestiniens plutôt que de militariser la mer Rouge ». Des propos qui confirment que cette dernière est bel et bien devenue un théâtre de la guerre par procuration à laquelle se livrent Israël et l’Iran, soutenus par leurs parrains respectifs, l’un américain, l’autre russe.
Cette métastase de la guerre à Gaza qui accroît les tensions régionales n’a pas seulement des répercussions sur le commerce mondial. Elle pourrait aussi, si elle se prolonge et se durcit, avoir un effet sur l’élection présidentielle américaine dans un sens encore difficile à prévoir.
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2024-09-19 10:00:25 (c)Alex Berger Comptez maintenant bouillonnant sans question sur l’inventaire. Les Sud-Africains, fondés en 1999 sous