Originaire de La Chaux-de-Fonds, le commissaire général de l’UNRWA Philippe Lazzarini occupe peut-être actuellement une des positions les plus importantes pour la Suisse sur la scène internationale. Dans l’émission Helvetica, il explique agir en “pilote automatique” pour maintenir et continuer à défendre la voix de la société civile palestinienne.
Actuellement, Philippe Lazzarini est pleinement engagé dans la sauvegarde de l’agence qu’il dirige, mise sous pression par Israël et ses alliés. Il souligne qu’il y a une volonté délibérée du gouvernement israélien de démanteler l’agence, avec pour objectif de priver près de six millions de Palestiniens de leur statut de réfugiés et ainsi exclure leur droit au retour des négociations de paix. Selon lui, cela serait perçu comme une trahison de la communauté internationale.
L’UNRWA est historiquement chargée du bien-être et du développement des réfugiés palestiniens et de leurs descendants jusqu’à ce qu’une “solution politique juste et durable” soit trouvée. Philippe Lazzarini souligne que le maintien du statut de réfugié palestinien est dû à l’absence de solution politique et non à l’existence de l’UNRWA.
Malgré les pressions et les accusations, Philippe Lazzarini reste “prudemment optimiste”, estimant que certains pays revoient leur position et que des pays du Golfe pourraient augmenter leur soutien financier.
Il insiste sur le fait que le véritable enjeu n’est pas l’UNRWA en tant qu’organisation, mais le sort de la population palestinienne. Il met en garde contre les conséquences désastreuses d’un abandon des jeunes Palestiniens, soulignant que l’UNRWA est essentielle pour leur offrir des services publics de base.
Pour Philippe Lazzarini, il est crucial de ne pas sacrifier une génération en privant les jeunes Palestiniens d’un environnement éducatif stable, car cela ne ferait qu’alimenter la haine. Il rappelle également les risques pour la population de Gaza en cas d’assaut israélien sur Rafah.
Après trente ans d’expérience dans l’humanitaire, Philippe Lazzarini se trouve au cœur de la crise actuelle, avec une certaine colère et frustration face à la situation qu’il observe. Il souligne l’importance de rester du bon côté de l’Histoire et de continuer à porter la voix des personnes de Gaza.
Propos recueillis par Philippe Revaz. Texte web par Pierrik Jordan.