Dans les années 70, Anne-Marie Lemmens a été l’une des premières femmes en Belgique à devenir conductrice de poids lourds, un métier jusqu’alors réservé aux hommes. Au volant de gros camions, elle a parcouru toute l’Europe, de la Norvège au Portugal, de la Suède à la Sicile, de l’Angleterre à la Turquie. Aujourd’hui, Anne-Marie se déplace en chaise roulante, conséquence d’un accident de la route.
Ironiquement, l’accident ne s’est pas produit alors qu’elle conduisait un Volvo, un Scania ou un Mercedes, mais en tant que passagère dans la voiture de son frère, une Ascona.
Le 2 avril 1993, à Glimes, une camionnette a grillé un feu rouge et a percuté le côté droit de l’Opel. Des photos d’époque témoignent de la violence du choc.
Anne-Marie a survécu avec quatre fractures cervicales, dix côtes cassées, une clavicule brisée et le genou droit encastré dans le tableau de bord. Après trois semaines de coma, six mois d’hospitalisation et cinq ans de rééducation, elle a miraculeusement survécu, mais sa vie a été brisée par le chauffard.
Elle a souhaité partager son combat de trente ans avec nos lecteurs. “J’espérais un peu plus de solidarité, de compassion et d’humanité.”
La justice, dit-elle, a été d’une lenteur “insupportable”. Confrontée aux tribunaux, aux experts, aux avocats et aux huissiers, Anne-Marie a découvert un monde où rien n’est désintéressé.
Elle était une victime, mais cela ne l’a pas empêchée de se heurter à des avocats sans scrupules. Condamnée à des frais médicaux, d’hospitalisation, de rééducation, d’expertise, d’avocats et autres dépenses, elle a été déçue par plusieurs avocats.
Après une bataille de trente ans, Anne-Marie s’est battue pour reprendre son métier de conductrice de poids lourds, mais les poursuites avec les assurances ont continué devant les tribunaux. L’indemnisation n’a même pas couvert ses dépenses médicales et juridiques.
Maintenant âgée de 69 ans, Anne-Marie souffre de plus en plus en raison de l’accident. Elle a subi de nombreuses opérations chirurgicales, sans obtenir les résultats escomptés.
Elle reste combative et a acheté un camping-car malgré son genou défaillant. “Mon Ducato et moi ne faisons qu’un”, dit-elle. Malgré ses souffrances, elle continue à voyager en voiture, cherchant le soulagement dans ses souvenirs d’enfance. Elle se prépare à une nouvelle opération qui pourrait représenter sa dernière chance.
Il est tragique de penser qu’une vie aussi active et fructueuse a été brisée par un chauffard. Pour Anne-Marie, la douleur et le combat contre les séquelles de l’accident seront une lutte permanente jusqu’à la fin de ses jours.
