Thionville. La reconstruction du Nest en très bonne voie

« On peut affirmer que le Nest va se faire. » Jackie Helfgott souffle. Le projet de reconstruction du Centre dramatique national transfrontalier ne devrait plus subir de nouveaux coups de théâtre. L’adjoint à la Culture et le maire Pierre Cuny se délectent de cet épilogue heureux. Un dénouement qui aurait pu survenir plus tôt, une rencontre avec la ministre de la Culture étant programmée lors du Festival Politéïa en mars dernier. La contestation dans la rue, sur fond de réforme des retraites, a provoqué l’annulation ce voyage ministériel. Un rebondissement, un de plus, qui n’a pas détourné Jackie Helfgott de sa muse.

Depuis 1995, l’élu loue les bienfaits du Nest. Son amour pour ce théâtre de création, il l’a clamé en avril à l’occasion d’une audioconférence avec la ministre Rima Abdul-Malak. Pierre Cuny a, lui aussi, joué son rôle durant cet échange. Le numéro de duettiste a fait mouche : « L’État a accepté de revoir à la hausse son apport financier ».

L’État va supporter 40 % du budget

À l’origine, le budget alloué à l’opération, d’un montant de 12 M€ , reposait sur un engagement tripartite égalitaire entre la Ville, la Région et l’État. L’inflation a raturé ce scénario harmonieux, faisant basculer le montant des travaux à 16 M€. Trop, beaucoup trop pour la municipalité, insiste le préposé à la culture : « Comme l’a dit le maire, engager plus de 4 M€, ce serait mettre la Ville en danger ». L’État a finalement accepté de supporter 40 % de la dépense. De son côté, la Région, par la voix de la présidente de la commission culturelle, consent une rallonge de 1 M€. Le compte y est, ou presque…

Un long purgatoire de trois ans

Avant d’assister à cette résurrection, les équipes du Nest devront bien se reloger. L’antique théâtre en bois dans lequel elles évoluent, un legs prestigieux qui a fait son temps, est promis à la destruction à compter de juin 2024. S’ouvrira alors une longue période de purgatoire de trois années, soit le temps dévolu à la construction d’une nouvelle infrastructure dans un quartier Rive gauche qui fera, lui aussi, peau neuve : « Il faudra s’entendre sur le financement de cette délocalisation temporaire, anticipe Jackie Helfgott. Et trouver un point de chute, ce qui passera peut-être par la location d’une structure ». Une histoire d’argent, encore. Et qui n’est pas la dernière, car l’enveloppe de 16 M€ ne couvrira pas le projet initial.

« Il faudra faire des réajustements, comme revenir sur une jauge de 300 places assises et non 350. » Dans le même souci d’économie, la partie créative pourrait être dissociée de la salle de spectacle : « Séparer cet espace en le logeant dans un atelier plus rudimentaire est envisageable ». Ces réflexions feront l’objet de réunions prochaines, un programmiste se chargeant d’harmoniser les désirs de la directrice du Centre dramatique avec les impératifs techniques mis en avant par le nouvel architecte de la Direction des affaires culturelles. En somme, il reste du travail même si l’essentiel est là : le Nest ne va pas vivre un baisser de rideau définitif, et tragique, à Thionville.