Thionville. Projet d’abattoir du nord-mosellan menacé d’abandon : l’heure de vérité

L’abattoir du nord-mosellan est sur le fil du rasoir. Ce projet qui doit servir la dynamique des filières courtes et de 170 éleveurs de Lorraine-nord est aujourd’hui lâché par les banques. En juin dernier, le président de la Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) avait annoncé la mauvaise nouvelle : après trois ans de suivi, Crédit agricole, Banque populaire et Caisse d’épargne avaient subitement changé de tonalité. Les douze mois de retard pris sur le calendrier initial n’expliquent pas tout : « On nous a bien fait comprendre que financer un outil comme un abattoir, ce n’était plus dans l’air du temps ! », fulmine Norbert Handrick, lui-même éleveur ovin à Rettel. « C’est une position doctrinaire, voilà tout ! », ajoute Jean-Charles Louis, administrateur de la Scic. La tentative de se rapprocher d’un nouvel organisme bancaire cet été n’a pas donné un meilleur résultat.

Désormais, la question est de savoir vers qui se tourner pour financer les 2,468 millions d’euros (M€) nécessaires pour boucler le budget de construction de l’abattoir. L’affaire est délicate : faute d’argent, le projet ne peut plus avancer. Or tout abandonner à ce stade d’avancement serait suicidaire. D’abord parce que l’histoire n’a que trop duré (le projet est en instance depuis 2011) ; ensuite parce que les collectivités locales se sont engagées au maximum dans le financement. Enfin, les subventions régionales et européennes sont acquises et les travaux d’accès au site retenu, à la sortie de Thionville, sont déjà réalisés.

Une assemblée générale extraordinaire est convoquée jeudi 5 octobre à Thionville pour évaluer la situation. « Il nous faudra bien trancher, ne serait-ce que pour savoir quoi dire au maître d’œuvre », avance Norbert Handrick. L’éleveur ne décolère pas : « Si on abandonne tout, alors on ne sera pas au rendez-vous des plans alimentaires territoriaux. C’est catastrophique pour la filière élevage ! »

Stop ou encore ?

Depuis une semaine, l’hypothèse d’une dissolution de la Scic pique au vif certains partenaires, conscients qu’un abattoir multi-espèces participe à l’aménagement du territoire et valorise l’économie locale. Les présidents des communautés de communes à l’accent rural (Arc mosellan, Cattenom, Bouzonvillois) ne semblent pas prêts à entendre parler de dissolution aussi rapidement mais le temps presse pour imaginer une issue. Dans le monde paysan, les avis sont partagés : tous ceux qui comptaient sur l’abattoir de Thionville restent sur leur faim. Certains ont trouvé une solution de dépannage en Allemagne ; les autres continuent de se rendre à Sarrebourg ou Verdun. Pas la porte à côté, quand on y pense.