Titre possible : “Témoignage traumatisant : fuite des feux de forêt en Colombie-Britannique”

Titre possible : “Témoignage traumatisant : fuite des feux de forêt en Colombie-Britannique”

« C’était une expérience, ma foi, traumatisante. »

La voix de Simon Pineault est calme, mais le récit de ses derniers jours à Kelowna, en Colombie-Britannique, reste glaçant. Lorsque Le Devoir le contacte dimanche après-midi, il est en voiture avec son partenaire Emjay Cromp. Ensemble, ils fuient vers l’Alberta, mettant le plus de distance possible entre eux et les feux de forêt qui ravagent certaines zones de la Colombie-Britannique depuis plusieurs jours.

Tout comme le Québec en début d’été, l’ouest du pays est en guerre ouverte contre les incendies qui la dévastent. Le gouvernement a déclaré l’état d’urgence et a émis des interdictions de voyager dans les zones touchées par les feux, comme la vallée touristique de l’Okanagan. Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a annoncé dimanche que les Forces armées seraient déployées dans la province.

« Il est normal de voir de la fumée ici », affirme Simon Pineault, qui cueille des cerises dans la vallée de l’Okanagan chaque été depuis plusieurs années et qui a été témoin de nombreux feux de forêt. « Mais ce qui nous a vraiment alertés en rentrant d’une journée de travail, c’est de voir les flammes à l’oeil nu dans les montagnes. »

Simon et Emjay ont attendu quelques jours, pendant lesquels l’air vicié leur a causé des maux de tête et de la congestion nasale. « Nous cherchions des excuses pour aller à la bibliothèque ou au centre aquatique », raconte Emjay, tant la qualité de l’air dans les camps de cueilleurs de cerises était mauvaise. « Je me réveillais la nuit et je regardais où les flammes en étaient. »

Les deux jeunes adultes affirment n’avoir jamais été avertis par les autorités de la proximité des feux de forêt ou des dangers qu’ils pouvaient représenter. La seule alerte qu’ils ont entendue a été diffusée à la radio locale de Kelowna, et ils ont finalement décidé de partir d’eux-mêmes. « Le corps se met en mode survie », explique Simon.

Mais ils devaient d’abord vendre une voiture qu’ils possédaient, ce qui a retardé leur départ d’une journée. Ils ont enfin pris la route samedi et ont passé la nuit chez la soeur d’Emjay, qui habite à Nelson, une ville britanno-colombienne située à environ quatre heures de route à l’est de Kelowna.

« Nous avons eu du mal à partir car c’était le chaos à Kelowna », se souvient Simon. Les magasins fermaient les uns après les autres. Dimanche après-midi, 30 000 habitants de la région avaient reçu un ordre d’évacuation. « Nous avons réussi à faire une vidange d’huile, mais l’employé nous a dit que nous étions ses derniers clients », poursuit le jeune homme.

« Cela nous fait réaliser à quel point la vie est fragile », déclare Emjay d’une voix solennelle. « Je me souviendrai toujours du moment où j’ai vu les flammes, ce sera gravé dans ma mémoire jusqu’à ma mort. »

Simon partage ce souvenir indélébile. « Ce paysage chaotique était un peu l’Apocalypse. C’était un peu la fin du monde. »

A voir aussi en vidéo | Feux de forêt : La jeunesse lance un cri d’alarme

Une météo clémente à venir

A Kelowna, une ville de 150 000 habitants, plus de 500 pompiers sont déployés pour lutter contre les brasiers. Alors qu’un grand nombre de maisons ont été détruites ces derniers jours, aucune n’a succombé aux flammes dimanche.

Et cela sans compter une accalmie météorologique tant attendue qui devrait s’installer de lundi soir à jeudi. « Dans certaines régions de la Colombie-Britannique, il y aura des températures plus fraîches », explique le météorologue de l’Environnement Canada, Philippe-Alain Bergeron.

Ironiquement, c’est un événement climatique extrême qui pourrait atténuer un autre : l’humidité causée par la tempête tropicale Hilary, qui a frappé l’ouest du Mexique et la Californie dimanche, devrait se rendre aux incendies canadiens et réduire leur violence. « Lundi et mardi, il devrait y avoir beaucoup de pluie, surtout dans les régions du sud-est de la province où de nombreux feux sont actifs », note M. Bergeron.

Une dépression venant du Pacifique devrait également atténuer la situation dans le sud de la Colombie-Britannique à partir de mercredi. « Il y a de l’espoir, c’est un changement notable », se réjouit le météorologue. La situation reste cependant inquiétante car « cela va se réchauffer et se dessécher progressivement » vendredi et samedi. « La période pendant laquelle les feux pourraient avoir un comportement moins agressif est donc assez courte », conclut M. Bergeron.

La forêt, cet « espace dangereux »

Le principal défi auquel sont confrontées les autorités lors de cette crise en Colombie-Britannique ? La gestion des effectifs et des feux les plus dangereux pour les infrastructures, selon John Gradek, enseignant à l’École d’éducation permanente de l’Université McGill.

« L’effort déployé à Kelowna, avec 500 pompiers, ne peut pas être répété partout », affirme-t-il, en raison des effectifs limités. La ville « s’en sortira assez bien », mais d’autres villages plus petits ne bénéficient pas de la même protection intensive.

Un autre défi soulevé par la situation est la distance entre les maisons et la forêt : dans une région enchanteuse comme l’Okanagan, plusieurs maisons ont été construites juste à côté des arbres. « Il faut s’assurer que lorsqu’une municipalité accorde un permis de construction résidentielle, elle exige un espace entre la forêt et les maisons pour les protéger des incendies potentiels », affirme l’expert. Parce qu’en 2023, la forêt ne peut plus forcément être synonyme de havre de paix et de parfums floraux. « C’est un rêve pour les gens d’être entourés par la forêt, mais la forêt est un espace dangereux. »

A voir en vidéo

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.