LA LISTE DE LA MATINALE
La longue traque du violeur de la Sambre, une nouvelle étape de la conquête spatiale qui aurait pu être, l’échappée française d’un blockbuster américain, une adaptation d’Edith Wharton : quand la cuisine des séries tourne à plein régime, le menu se fait très riche.
« Sambre » : le mal au fil du temps
Pendant plus de trois décennies, un homme a violé des femmes sur les bords de la Sambre, à la frontière entre la France et la Belgique, sans jamais changer grand-chose à la méthode de ses crimes. Il ne fut arrêté qu’en 2018. A partir de l’enquête de la journaliste Alice Géraud (Sambre, radioscopie d’un fait diversJean-Claude Lattès, 400 p., 21,50 euros), qui est ici coscénariste avec Marc Herpoux, Jean-Xavier de Lestrade a entrepris de donner une forme dramatique à cet interminable non-événement, à cette tragédie qui repose sur l’anonymat délibéré du violeur, qui dissimule son visage, sur l’anonymat forcé des victimes, dont les plaintes (dans tous les sens du terme) ont été ignorées, mal entendues, classées… Sambre, récit terrible que la précision et la solennité de la réalisation et l’engagement des interprètes rend enfin visible, audible, change à chaque épisode de point de vue : celui d’une victime, d’abord, incarnée par Alix Poisson dont le personnage, avec celui du policier que joue Julien Frison, sera le seul que l’on retrouvera tout au long de la série. Viendront ensuite une magistrate (Pauline Parigot), une maire (Noémie Lvovsky) et une scientifique (Clémence Poésy) qui chacune tenteront d’arrêter le criminel (Jonathan Turnbull), dont l’identité est dévoilée dès les premières séquences. Au fil des ans, on voit changer – si lentement – les attitudes, les méthodes policières, tandis que la violence de l’homme reste immuable. T.S.
Série réalisée par Jean-Xavier de Lestrade, écrite par Alice Géraud et Marc Herpoux, avec Alix Poisson, Julien Frison, Noémie Lvovsky, Olivier Gourmet, Clémence Poésy, Pauline Parigot (France, 2023, 6 x une heure). Sur France 2, deux épisodes le lundi à 21 h 10 à partir du 13 novembre, en intégralité sur France.tv à partir du 13 novembre.
« For All Mankind », saison 4 : lutte des classes sur Mars
Pour la quatrième fois, les créateurs de Pour toute l’humanité nous invitent à faire un saut dans le temps. Comme les précédentes, cette saison est séparée de la précédente par un fossé de huit ans. Dans la chronologie alternative inventée par Ronald D. Moore, Matt Wolpert et Ben Nedivi, nous sommes en 2003. Al Gore est à la Maison Blanche, Mikhaïl Gorbachev au Kremlin. Confinés dans la base établie sur Mars par les agences spatiales américaine, soviétique et européenne, Nord-Coréens, Chinois et Indiens cohabitent avec l’opérateur privé Helios. La victoire originelle de l’URSS, arrivée la première sur la Lune, a propulsé l’histoire sur une autre trajectoire que les scénaristes se plaisent à façonner, entre étrangeté et familiarité (l’un des trucs les plus réussis de ce gigantesque dispositif tient à la bande-son ; tout a changé, sauf la musique populaire américaine, et les débuts de l’exploitation minière sur Mars se font aux accents des premiers succès des Strokes). Comme à chaque fois, Pour toute l’humanité ajoute un nouveau thème et cette saison tourne en grande partie autour de la constitution d’un prolétariat spatial, qui s’oppose à l’aristocratie des pionniers. Les deux camps sont solidement incarnés (les ouvriers par Toby Kebbell, les nouveaux patrons par Krys Marshall), et la série continue d’émerveiller et d’inquiéter quant aux capacités du genre humain. T.S.
Il vous reste 50% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
dans un article qui peut se classer haut dans Google
#Quatre #séries #voir #des #bords #Sambre #première #colonie #sur #Mars
publish_date]
