2025-01-04 20:16:00
L’un des changements les plus importants survenus dans l’avant-garde musicale depuis la fin des années 1960 est le remplacement de la pensée singulière, radicale et autoprotectionniste à laquelle les jeunes aiment Stockhausen, Boulez et Nonopour une réflexion ouverte sur la musique et les systèmes de composition. C’est dans ce milieu qu’a été formé Tom Johnson (Colorado, 18 novembre 1939 – Paris, 31 décembre 2024), musicien ouvert à des motivations artistiques très diverses et dont les racines sont aussi liées à la perspective américaine sans préjugés qu’il a assimilée au cours les années de formation avec Morton Feldman oui John Cageamis et chercheurs de l’essentiel.
Il reste cinq décennies à venir au cours desquelles Johnson sera reconnu dans différents domaines, des arts visuels aux arts verbaux, toujours sur la base de principes solides. Et s’affirmant toujours dans des structures minimalistes générées sur des modèles mathématiques afin de réduire le multiple à des principes de simplicité et de douceur, avec le contenu mélodique, harmonique et rythmique déterminé par des règles préalablement établies. A l’occasion de l’exposition ‘Tom Johnson. Musique illustrée’ présentée au Centre José Guerrero de Grenadeen 2023, ces idées se sont démarquées, résumées par lui-même dans la déclaration : “Je veux trouver de la musique et non la composer”.
Johnson a été le premier auteur à parler de minimalisme musical, en 1972 dans des articles écrits pour le tabloïd new-yorkais « The Village Voice » (Apollohuis, 1989) où il apparaît comme le porte-parole du courant : « La musique minimaliste inclut toute la musique qui fonctionne. à partir de matériaux limités ou minimaux : œuvres qui n’utilisent que quelques notes, seulement quelques mots, ou écrites pour des instruments très limités. Cela inclut un simple grognement électronique… des enregistrements de rivières ou de cours d’eau… des œuvres qui évoluent selon des cycles sans fin. Le caractère pionnier de ses initiatives se reflète dans l’innovant « The Four Note Opera » (1972). Soutenu dans Pirandello et limité, comme son titre lui-même l’indique, à une stricte entité musicale, sa validité et son succès sont évidents car il comprend encore des adaptations et des reprises dans de nombreux pays. C’est le cas d’autres œuvres à succès telles que « Nine Bells » (1979), une œuvre hypnotique pour neuf cloches, et « Rational Melodies » (1982), un ensemble de vingt et une mélodies systématisées et écrites pour n’importe quel instrument mélodique.
Johnson est arrivé à Paris dans les années 80 et y est resté depuis avec son épouse, artiste conceptuelle et précurseur de la performance. Esther Ferrer. Le catalogue s’enrichit de douze opéras et de nombreuses compositions pour groupes instrumentaux très divers. Se démarquent le « Riemannoper » (1988), mis en scène à de nombreuses reprises, ou « Galileo », une pièce de quarante minutes écrite pour un instrument oscillant sur cinq pendules, inventé par lui-même. Sa composition la plus ambitieuse est le « Bonhoeffer Oratorio » (1996), pour orchestre, chœur et solistes, basé sur un texte allemand du théologien. Dietrich Bonhöfferexécuté dans l’Allemagne nazie. Il n’en est pas moins l’abondance d’autres créations proches de la radio et la réflexion théorique que pourraient bien illustrer « Self-Similar Melodies » (Editions 75, 1996). Enfin, après vingt-cinq ans d’entretiens et de consultation de ses archives, le musicologue français Gilbert Delor publie « Tom Johnson ou la musique logique » (L’Harmattan, Paris, 2021), synthèse d’un credo cohérent, formalisé en détail et en une raison artistique non exempte d’un bonheur épicurien.
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