Jean Noel Ndour et Woury Dia ont été mentionnés hier lors de l’audience du tribunal des flagrants délits de Dakar. Les deux complices sont poursuivis par Ndella Madior Diouf. Ils sont accusés d’avoir enlevé un bébé de trois mois, l’un pour sauver son mariage et conclure sa supercherie, et l’autre pour des motifs financiers. Ils ont été placés en détention provisoire le 15 décembre 2023 et encourent une peine de 2 ans d’emprisonnement, dont 6 mois fermes.
Le 13 décembre 2023, la Division Spéciale de Cybersécurité a reçu une plainte de la part de Ndella Madior Diouf. Dans cette plainte, elle reproche à Jean Noel Ndour et Wouri Dia d’avoir enlevé un bébé de sa pouponnière à son insu, pour des raisons qu’elle ignore, d’où sa décision de les poursuivre en justice. Lors de son audition, la plaignante a déclaré qu’elle avait remarqué la disparition du bébé, âgé de trois mois, de sa pouponnière Sos Santé Keur Yeurmandé dans la nuit du 09 au 10 décembre 2023. Ses soupçons se sont alors portés sur Woury Dia, qu’elle avait rencontrée quelques jours auparavant et qui lui avait demandé d’adopter un bébé pour faire croire à son mari, établi en France, qu’elle avait accouché. Elle a également indiqué que Woury avait été aidée par l’un de ses vigiles, Jean Noel Ndour, dont l’absence inexpliquée depuis lors a accru ses soupçons.
Lors de son interrogatoire, le suspect a avoué les faits, reconnaissant avoir remis le bébé à la demande de Woury Dia. En effet, selon sa déclaration, Woury se présentait tous les jours à la pouponnière depuis deux semaines, demandant à emmener un nouveau-né chez elle pour tromper son mari, à qui elle avait fait croire qu’elle était enceinte. Ils se sont alors donné rendez-vous au Poste de Santé de Cambérène, où le vigile a remis le bébé à Woury en échange de la somme de 65 000 francs CFA.
Présenté devant le tribunal des flagrants délits de Dakar, Jean Noel a d’abord présenté sa défense. Peintre de profession et père de famille, il a justifié son acte en affirmant que Woury lui avait dit que Ndela Madior lui avait demandé 4 millions en échange d’un nourrisson. Quant à la photo prise secrètement d’une femme qui venait d’accoucher, il a finalement admis l’avoir prise par empathie. De son côté, Woury a déclaré : “J’ai fait une fausse couche et je ne l’ai pas dit à mon mari. Je devais trouver un bébé. Je suis allée là-bas cinq fois. Ndela m’a demandé de faire un don pour adopter. Je n’avais pas assez d’argent. Je ne savais pas que l’enfant venait de la pouponnière.”
Cependant, le représentant du ministère public a regretté l’utilisation de l’enfant pour sauver un mariage. Il a requis une peine de deux ans, dont 6 mois fermes, et une amende de 200 000 francs CFA contre les deux prévenus. Les avocats de la défense ont plaidé pour la clémence du tribunal, mettant en avant le contexte du dossier qui a permis de sauver la vie d’au moins 40 enfants. Néanmoins, Woury et Jean devront attendre la décision du juge, qui sera rendue le 9 janvier prochain.
Aïssatou Tall (Actusen.sn)