Un naufrage a entraîné la mort d’une femme et de trois enfants mardi au large de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie. Les garde-côtes ont réussi à secourir vingt-et-une personnes, toutes de nationalité tunisienne. Quelques heures plus tard, un bébé de cinq mois a également péri noyé au large de l’île italienne de Lampedusa.
Selon le porte-parole du tribunal de Sfax, Faouzi Masmoudi, une embarcation a chaviré après avoir quitté la côte tunisienne. Malheureusement, une femme et trois enfants ont perdu la vie dans ce naufrage, tandis que les garde-côtes ont pu sauver 21 personnes.
Les départs depuis la Tunisie vers l’Italie se sont multipliés cet été, et ces derniers jours ont connu une augmentation encore plus importante. Rien que pour la journée de mardi, plus de 5 000 personnes déplacées, réparties sur une centaine de canots, sont arrivées à Lampedusa.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent plusieurs embarcations attendant de pouvoir débarquer sur l’île italienne. D’autres vidéos montrent une équipe de la Croix-Rouge jetant des bouteilles d’eau aux dizaines de personnes regroupées sur le quai.
Le seul centre d’accueil de Lampedusa hébergeait près de 7 000 personnes mercredi matin, bien au-delà de sa capacité de 1 000 places. En début de matinée, environ 800 migrants ont été transférés en Sicile et les rotations devraient se poursuivre pour soulager la pression sur le hotspot. Le maire de l’île, Filippo Mannino, a appelé le gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni à prendre des “mesures urgentes” pour gérer le flux.
Des scènes chaotiques se sont également déroulées en mer. Au petit matin mercredi, un canot transportant 46 migrants a chaviré au large de Lampedusa. Selon la presse locale, l’embarcation a chaviré à l’arrivée des garde-côtes. Tous les naufragés ont pu être secourus, mais un bébé de cinq mois a perdu la vie dans cet incident.
Depuis le début de l’année, plus de 116 000 personnes ont débarqué en Italie, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Le nombre d’arrivées n’a pas été aussi élevé depuis 2016.
La Tunisie est devenue cette année le principal pays de départ pour les migrants cherchant à traverser la Méditerranée. Parmi eux, les migrants d’Afrique subsaharienne ont augmenté après un discours en février du président tunisien Kaïs Saïed dénonçant l’arrivée de “hordes de migrants” clandestins qui, selon lui, cherchent à “changer la composition démographique” de son pays. En juillet, de nombreux autres ont tenté de partir pour l’Italie après que des centaines d’Africains aient été chassés de Sfax à la suite de la mort d’un Tunisien le 3 juillet lors d’une rixe entre migrants et habitants.
À ce moment-là, des milliers d’autres exilés ont été expulsés par les forces de sécurité vers des zones désertiques et inhabitées aux frontières avec la Libye à l’est et l’Algérie à l’ouest. Au moins 27 personnes ont perdu la vie dans le désert tuniso-libyen, et 73 autres sont portées disparues.
Les Africains subsahariens ne sont pas les seuls à vouloir émigrer en Europe. Chaque année, des milliers de Tunisiens prennent également la mer pour fuir la crise politique et économique dans leur pays.
Mais la route vers l’Europe reste particulièrement mortelle. Depuis le début de l’année, plus de 2 000 personnes ont péri en tentant de rejoindre les côtes européennes en Méditerranée centrale, selon l’OIM. Cela représente un chiffre supérieur à l’ensemble de l’année 2022, au cours de laquelle un peu plus de 1 400 migrants ont perdu la vie par noyade dans ces eaux.
