Tragique naufrage de migrants au large de la Grèce en juin 2023

Tragique naufrage de migrants au large de la Grèce en juin 2023

Sur la jetée du port de Kalamata (Grèce), dans la pénombre, peu avant 23 heures, un navire des garde-côtes s’amarre loin des regards indiscrets des badauds, venus apporter des vivres et des vêtements pour la centaine de survivants du naufrage survenu mercredi 14 juin au large de la péninsule du Péloponnèse.

Des bénévoles de la Croix-Rouge regardent la scène avec gravité. « Ils ramènent les morts… Maintenant, il n’y a plus d’espoir de retrouver d’autres survivants » murmure l’une d’entre elles. Un camion réfrigéré est garé devant le bateau et le transport commence. Les 79 cadavres retrouvés doivent être amenés à la morgue de Corinthe ou à celle d’Athènes, à une centaine de kilomètres de là pour permettre une identification des corps et aux familles de faire leur deuil.

« Mais ce chiffre va de toute évidence s’alourdir au fil des heures et on pourrait avoir des centaines de morts » lâche, épuisé, Dimitris Haliotis, secouriste de la Croix-Rouge. Depuis le petit matin, le quadragénaire apporte les premiers soins à une soixantaine d’hommes secourus, en majorité syriens, égyptiens et pakistanais, hébergés temporairement dans un hangar désaffecté. Allongés sur des matelas et enveloppés de couvertures grises, leurs visages sont marqués par les traumatismes et la fatigue. Derrière une barricade, ils sont encadrés par des policiers, des garde-côtes et des militaires.

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« Ils sont psychologiquement et physiquement très affaiblis. Ils voyageaient depuis six jours dans un bateau où ils étaient les uns sur les autres… Ils n’avaient même pas d’endroit pour faire leurs besoins, ils étaient déshydratés et n’avaient pas bien mangé depuis des jours » souligne Orestis Koulopoulos, un urgentiste qui affirme que, depuis le matin, une vingtaine ont été admis à l’hôpital pour hypothermie, fièvre ou hypoglycémie.

Prise de risque accrue

D’après les témoignages rapportés des réfugiés, ils auraient été 750 à s’entasser sans gilets de sauvetage sur un chalutier bleu décrépit, dont la photo a été partagée par les garde-côtes grecs. Il s’agit du pire naufrage survenu au large du pays depuis juin 2016.

Selon plusieurs sources, le bateau serait parti de Tobrouk, une ville portuaire de l’est libyen, à moins de 150 kilomètres de la frontière égyptienne. Depuis un an environ, le nombre de départs depuis cette région nord orientale dite de la Cyrénaïque a considérablement augmenté, alors qu’une majorité des migrants tentaient jusque-là de rejoindre l’Europe depuis la région côtière de Tripoli. En juin, ce sont la moitié des départs qui ont eu lieu depuis l’Est, contrôlé par le maréchal Khalifa Haftar et l’Armée nationale libyenne (ANL).

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