Lors de la 49e cérémonie des César, “Anatomie d’une chute” de Justine Triet a remporté six trophées, dont celui du meilleur film et de la meilleure réalisation. Cependant, la soirée a été marquée par une place inédite accordée aux victimes de violences sexuelles.
Le discours de Judith Godrèche, devenue une figure emblématique du mouvement #MeToo en France, a volé la vedette aux récompenses et aux hommages habituels. Elle a été chaleureusement applaudie par les professionnels du 7e art, accusé pendant des années d’avoir étouffé les affaires de violences. Sur la scène de l’Olympia à Paris, elle a dénoncé le niveau d’impunité, de déni et de privilège dans le milieu.
“Pourquoi accepter que notre art bien-aimé, qui nous unit, serve de couverture à un trafic illicite de jeunes filles?” a-t-elle questionné. Judith Godrèche a ensuite évoqué des violences sexuelles et physiques subies dans son adolescence, pour lesquelles elle a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, qui les nient.
La remise du César de la meilleure réalisation à une femme, Justine Triet pour “Anatomie d’une chute”, symbolise un changement significatif par rapport à l’édition précédente marquée par le prix attribué à Roman Polanski, accusé de viol. Le film a remporté six trophées, dont celui du meilleur film, et se positionne comme favori aux Oscars.
La réalisatrice de 45 ans a dédié son César à toutes les femmes, qu’elles réussissent ou échouent, qu’elles soient blessées et peuvent parler ou non. Le César de la meilleure actrice dans un second rôle a été décerné à Adèle Exarchopoulos pour son rôle dans “Je verrai toujours vos visages”, abordant le thème de l’inceste. La ministre française de la culture, Rachida Dati, a quant à elle souligné l’aveuglement collectif qui a perduré pendant des années dans le milieu cinématographique.