Triomphe inattendu pour Monia Chokri aux César : une soirée mémorable

La surprise était totale. Au point où Monia Chokri est restée en état de choc pendant plusieurs minutes en apprenant, vendredi soir, que sa comédie Simple comme Sylvain avait raflé le César du meilleur film étranger, battant notamment le film Oppenheimer de Christopher Nolan.

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«Sur le coup, je n’étais pas capable de bouger. Je ne comprenais pas, en fait. Ça m’a pris un peu de temps à me rendre compte [de ce qui arrivait]», a confié samedi la réalisatrice québécoise, au lendemain de son triomphe à la cérémonie des César, la grande messe du cinéma français.

On peut comprendre son étonnement. Pendant les jours précédant la cérémonie, Monia Chokri s’est fait dire à plusieurs reprises par ses agents de presse français que ça prendrait un petit miracle pour que Simple comme Sylvain remporte le César du meilleur film étranger. D’autant plus que le célèbre cinéaste américano-britannique Christopher Nolan serait présent dans la salle pour recevoir un prix pour l’ensemble de sa carrière.

Or, le miracle s’est produit.

«Je savais que mon film avait une cote d’affection en France, dit-elle. Je le sentais parce que plusieurs personnes m’avaient dit qu’ils avaient voté pour moi. Mais ça restait tellement absurde à mes yeux de gagner face à Nolan, qui était en plus dans la salle, que je n’y croyais pas. Mais c’est arrivé et c’est formidable!»

En allant chercher son prix sur la scène de l’Olympia de Paris, Monia Chokri a fait rire la salle en s’adressant directement à Christopher Nolan pour lui dire qu’elle était «tellement désolée». A-t-elle eu la chance de lui parler après la cérémonie?

«Non, alors ma seule interaction avec lui dans ma vie va avoir été: “I’m so sorry, Mister Nolan”», lance-t-elle en riant.

«Elle est belle, ma vie»

Dans son discours, la réalisatrice québécoise a aussi souligné sa gratitude en disant que la vie qu’elle a est plus grande que celle qu’elle a rêvée.

«Quand j’ai dit ça, je faisais évidemment référence à tout ce qui m’arrive, mais je voulais aussi dire qu’elle est belle, ma vie. Je travaille avec mes meilleures amies. Trois d’entre elles [la productrice Nancy Grant et les actrices Magalie Lépine-Blondeau et Nadia Tereszkiewicz] étaient assises dans la même rangée que moi vendredi.

«C’est extraordinaire de vivre ça avec des gens aussi proches. Je suis en santé, je suis heureuse, je fais ce que j’aime dans la vie. Je pensais à tout ça quand je dis que ma vie est grande.»

Même si elle a peu dormi la nuit dernière, Monia Chokri dit avoir assez d’énergie pour célébrer encore un peu avec ses amis, samedi soir. Mais à compter de lundi, elle se replongera dans le travail, en l’occurrence l’écriture de son quatrième et prochain long métrage.

«Je suis basée à Paris en ce moment parce que j’écris mon prochain film. J’ai une vie ben plate. Je fais juste écrire, aller à la piscine nager et souper le soir avec mon chum. C’est une vie ben relaxe, mais que j’aime bien avoir», souffle-t-elle.

Un #MeToo français

Outre le triomphe du film Anatomie d’une chute de Justine Triet, gagnant de six trophées, la 49^e édition des César a été marquée par le discours de l’actrice Judith Godrèche, devenue depuis quelques semaines une figure de proue du mouvement #MeToo qui secoue actuellement le milieu du cinéma français.

Monia Chokri dit avoir été touchée par le discours de Judith Godrèche mais aussi par ceux qui ont suivi, dont celui de Justine Triet.

«J’ai trouvé que les discours étaient intéressants parce qu’ils étaient tempérés, note la réalisatrice québécoise.

«Il y avait quelque chose de différent du ton français très revanchard. J’ai trouvé ça très beau, cet accueil de la parole et que ça finisse avec Justine Triet, qui a dédié son dernier César à toutes les femmes. C’était assez beau. Je trouvais que ça donnait bien le ton sur le vent qui tourne en ce moment dans le milieu du cinéma français.»