Un ancien professeur d’anglais condamné pour exploitation sexuelle de mineures

Un professeur d’anglais à la retraite de Drummondville qui a entretenu pendant sa carrière des relations avec deux élèves mineures et qui a même mis l’une d’elles enceinte pourrait maintenant écoper de deux ans d’emprisonnement.

“Je ressens beaucoup de colère. Je m’en veux de m’être laissée manipuler aussi facilement. Vingt-cinq ans plus tard, je vis toujours avec des conséquences”, a confié au tribunal une victime de Marc Gignac.

L’ancien professeur de 64 ans a reconnu en mai dernier avoir exploité sexuellement deux élèves mineures. La procureure de la Couronne, M^e Vicky Smith, a proposé ce matin une peine de deux ans d’emprisonnement.

Enseignant d’anglais à Drummondville dans les années 1990, il a entretenu une relation pendant plus de deux ans avec une première élève. Elle était en 3^e secondaire à l’école Jeanne-Mance lors de leur rencontre. Il était de 18 ans son aîné.

“Ils sont tombés en “amour”, je mets ce mot entre guillemets. Leur relation se faisait en catimini. Monsieur était conscient de son statut d’enseignant”, a expliqué M^e Vicky Smith.

Toléré par la DPJ

La DPJ en avait même été informée, car l’adolescente était à l’époque en famille d’accueil. “La tolérance, ce n’est pas un facteur atténuant. Ce n’est pas parce que l’accusé avait l’aval d’un tuteur que ces gestes ne sont pas bannis par le Code criminel”, a souligné M^e Forgeron.

Quelques années plus tard, il a recommencé le même manège avec une élève âgée de 16 ans. Il avait à ce moment 38 ans.

L’adolescente était réservée et elle s’intéressait aux sports, tout comme son professeur. Gignac a inscrit ses coordonnées dans son album de finissant afin de la revoir. La relation a débuté alors qu’il n’était plus son enseignant.

Mais encore une fois, les contacts se faisaient à l’abri des regards. “L’accusé est conscient que le fait qu’il avait une relation avec une ancienne étudiante avait une incidence sur son emploi”, a précisé la procureure, M^e Forgeron.

Un avortement

L’adolescente est même tombée enceinte et elle a dû se faire avorter. Elle a également contracté une infection transmise sexuellement, qui l’a laissée avec des problèmes de santé.

Insomnie, agoraphobie et anxiété: “Ma consommation d’alcool et de nourriture a augmenté pour engourdir mes émotions et mon mal être. Je n’ai pas l’impression d’avoir repris le contrôle de ma vie”, a témoigné celle qui espère pouvoir tourner la page.

Les deux victimes en étaient à leurs premières expériences sexuelles.

La position d’autorité de l’enseignant doit être considérée comme un facteur aggravant, estime la procureure de la Couronne.

“Une victime mineure, même si elle initie certains gestes, ne peut jamais être tenue responsable considérant la relation de confiance et la manipulation en amont par l’adulte. C’est à l’adulte de mettre la barrière”, a dit M^e Forgeron.

“On se doit d’avoir cette tranquillité d’esprit en tant que parent et société quand on envoie nos enfants se faire éduquer”, a-t-elle insisté.

L’avocat de la défense a plutôt suggéré l’emprisonnement à domicile ainsi que 90 jours de prison discontinus. Le risque de récidive est faible et Gignac a exprimé remords et regrets, a fait valoir M^e Jasmin Laperle.

Le juge Conrad Chapdelaine a pris la décision en délibéré. Dans un autre dossier, Gignac a été acquitté d’avoir agressé sexuellement une élève de 16 ans lors d’une soirée dans un bar de la région.