Un avocat belge porte en justice la lutte contre le changement climatique

Un avocat belge porte en justice la lutte contre le changement climatique

2023-05-05 11:08:41

Quel est le contexte ?

Un jeune avocat spécialiste de l’environnement s’emploie à défendre la planète alors que les poursuites en matière de climat se multiplient dans le monde

Cette histoire fait partie d’une série sur la transformation du monde du travail pour une économie mondiale plus verte et plus juste : “Des emplois verts pour une transition juste”

BRUXELLES – L’avocate écologiste Linli Pan-Van de Meulebroeke n’a pas que des toges, des marteaux et des démagogies dans les salles d’audience.

La plupart du temps, la Belge de 30 ans plonge son nez dans des livres de droit ou parcourt des tonnes d’affaires juridiques sur son ordinateur, à la recherche de faits clés pour l’aider à gagner ses affaires.

“Il faut aimer lire”, dit-elle avec un sourire.

Les litiges liés au changement climatique sont en augmentation dans le monde, le nombre cumulé d’affaires ayant plus que doublé depuis 2015 pour atteindre environ 2 000, selon le Lois mondiales sur le changement climatique base de données.

Le contentieux est devenu un instrument utilisé pour faire respecter ou renforcer les engagements climatiques pris par les gouvernements, avec 73 cas “cadres” défiant les réponses globales des gouvernements au changement climatique, ont déclaré des chercheurs juridiques dans un rapport de 2022.

Sur les huit cas où des décisions ont été rendues par la plus haute juridiction d’un pays, six ont eu des résultats favorables à l’action climatique, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas.

Partenaires EQUALle cabinet d’avocats où Pan-Van de Meulebroeke travaille depuis 2018, représente un groupe de citoyens belges préoccupés par le fait que les plans de leur gouvernement en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne sont pas assez ambitieux pour prévenir les effets néfastes du changement climatique.

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En 2021, ils ont remporté un jugement historique déclarant que la politique climatique belge violait les droits humains des citoyens – mais le tribunal a refusé de fixer des objectifs de réduction des émissions de carbone.

Ils ont lancé un appel pour fixer des objectifs contraignants, et une audience est prévue pour septembre.

Le travail de Pan-Van de Meulebroeke en droit public – qui traite des relations entre le gouvernement et ses citoyens – recoupe le droit de l’environnement, reflétant son parcours.

Après avoir étudié les droits de l’homme et le droit de l’UE, son virage vers les questions vertes a été motivé par un stage chez ClientEarth, un cabinet d’avocats environnemental à but non lucratif qui a intenté des poursuites judiciaires sur des questions telles que la pollution de l’air et la déforestation.

Au quotidien, le travail du jeune avocat consiste à conseiller les pouvoirs publics sur la manière de se conformer à la réglementation, à assister les clients dans la rédaction de la législation et à plaider devant un juge, le tout dans le but ultime de protéger la planète.

Représenter un client devant un tribunal contre un organisme gouvernemental est une question de stratégie, a déclaré Pan-Van de Meulebroeke.

Les avocats doivent peser le pour et le contre du lancement d’une affaire, a-t-elle ajouté, car si une décision leur est défavorable, cela peut créer un précédent négatif pour de futurs litiges climatiques.

Comment avez-vous choisi ce métier ?

“Je viens d’une famille migrante – mes parents ont émigré de Chine vers la Belgique, et j’étais entouré de cette communauté qui rencontrait beaucoup de problèmes.

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J’ai toujours eu ce sentiment d’injustice dans certaines situations et je voulais les aider.

Quand on connaît la loi, et qu’on sait s’en servir, on a moins peur. Vous savez que vous pouvez trouver les informations dont vous avez besoin dans les textes juridiques et vous pouvez aider les gens.

Lorsque je cherchais du travail, je cherchais quelque chose en droit européen ou international, mais j’avais également étudié le droit de l’environnement – et j’ai décroché un stage chez ClientEarth. J’ai été attiré par leur travail à utiliser la loi pour faire avancer la cause environnementale.

En ce qui concerne les changements climatiques, je crois que nous n’avons pas le choix. Nous savons que les prévisions ne sont pas bonnes, mais riposter est la seule chance que nous ayons de faire la différence.”

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre travail ?

“J’ai toujours pensé que le droit était un peu conservateur, mais le droit public fluctue avec les évolutions de la société car on peut jouer avec le contentieux au nom de l’intérêt public. C’est là que le progrès peut se produire.

Ce que je trouve intéressant dans le droit public, c’est qu’il ne s’agit pas seulement de l’environnement – il s’agit de la façon dont l’environnement se connecte à tous les aspects de la vie, comme la santé ou les transports. Ce n’est pas une capsule – elle traverse de nombreux domaines différents. Cela me permet d’avoir une compréhension plus large du monde, de repérer les liens et de travailler pour les relier à une vue d’ensemble.”

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Quelle est la partie la plus difficile de votre travail ?

“Porter une affaire devant les tribunaux demande beaucoup d’énergie et de ressources financières car les procès prennent beaucoup de temps. Il est difficile de voir que certaines personnes ne peuvent pas porter une affaire devant les tribunaux simplement à cause du coût.

Cela peut être décourageant, surtout en ce qui concerne le climat, car nous sommes vraiment dans la décennie cruciale. Si aucune mesure n’est prise au cours de cette décennie, nous sommes vraiment dans une situation désespérée. Mais quand je vois des victoires judiciaires dans d’autres pays, cela me donne l’énergie nécessaire pour continuer.”

Comment voyez-vous évoluer les métiers du droit du climat ?

“Il n’y a pas que les avocats de l’environnement qui travaillent sur le terrain. Je vois beaucoup d’avocats issus de différents horizons juridiques s’intéresser aux affaires climatiques.

Par exemple, en droit pénal, la Belgique aura bientôt le délit d’écocide dans son code pénal. Les avocats d’entreprise travaillent de plus en plus sur les responsabilités environnementales, alors que de plus en plus de poursuites sont lancées contre les entreprises et leur impact sur l’environnement.

Il y a aussi beaucoup de travail préparatoire pour se mettre au courant des nouvelles lois de l’UE. Il se passe beaucoup de choses au niveau de l’UE avec des réglementations sur le sol, l’eau et l’air.”

Cette interview a été modifiée pour plus de longueur et de clarté.

(Reportage de Joanna Gill; édité par Megan Rowling)



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