Une larme tombe sur les joues de Sarah Piché-Sénécal. « Ça ne me le ramènera pas. Rien ne va changer ça. C’est une tragédie… », souffle-t-elle, la voix cassée. Theodore Gliga, son ex-conjoint jaloux, vient alors de reconnaître avoir tué son nouveau copain dans la foulée d’une séparation houleuse.
L’émotion était palpable mercredi matin dans la salle bondée du palais de justice de Montréal. Une vingtaine de proches de la victime, Rance Sullivan, séchaient leurs larmes en écoutant le récit de sa mort.
Theodore Gliga, un Montréalais de 30 ans, a coupé court au processus judiciaire en plaidant coupable à un chef réduit d’homicide involontaire. Il était accusé de meurtre au second degré. Le tueur est resté de marbre pendant toute l’audience.
30 septembre 2022. Theodore Gliga n’accepte toujours pas sa séparation avec Sarah Piché-Sénécal, même un an plus tard. Leur relation a duré deux ans et s’est terminée dans un contexte de violence conjugale. « Je vais te tuer si tu ne fais ce que je dis ! », avait lancé Gliga à son ex en 2021.
Malgré la rupture, un élément lui permettait toujours de garder un lien avec elle : leur chien, dont ils partagent la garde.
Theodore Gliga sort néanmoins de l’appartement avec le chien et lance à son ex qu’elle ne reverra jamais l’animal. La victime, Rance Sullivan, et le coloc, Hunt, partent alors à sa poursuite. Justin Hunt rattrape Gliga, lui ordonne de relâcher le chien et le frappe au visage. Gliga réplique en brandissant un couteau, le coupant au passage.
Mais Rance Sullivan ne lâche pas le morceau et poursuit l’accusé. Pendant une altercation, Gliga poignarde Sullivan à la poitrine et prend la fuite. Une blessure fatale. C’est d’abord Justin Hunt qui fut arrêté pour meurtre puisqu’il avait le couteau et était couvert de sang. Il a finalement été blanchi.
Devant les policiers, Theodore Gliga a raconté s’être senti « en danger » quand la victime l’a empoigné par les épaules. Il s’est alors tourné pour le pousser avec ses deux mains, alors qu’il tenait une pièce de métal. Selon ses dires, il ne voulait pas blesser Sullivan et ne savait pas qu’il était blessé quand il s’est enfui.
En plaidant coupable, Gliga reconnaît cependant qu’il n’a pas agi en légitime défense. « Il reconnaît que même s’il ne voulait pas tuer la victime, il y aurait eu des façons de se soustraire au conflit avec la victime », a affirmé la procureure de la Couronne Me Jade Coderre en résumant les faits.
« Pour moi ce n’était pas un geste involontaire. Je suis encore un peu sous le choc. Ce qui est important, c’est qu’il a admis qu’il n’agissait pas en légitime défense », a déclaré Sarah Piché-Sénécal, en mêlée de presse.
La femme a dit regretter avoir « minimisé » les agissements de Gliga à l’époque. « Je ne voulais pas causer de problème. J’avais encore peur. J’avais peur de représailles de sa part », a-t-elle expliqué.
Dans un autre dossier de violence conjugale, Theodore Gliga a plaidé coupable d’avoir attaqué une ex-copine en lui lançant une assiette. Ce jour-là, Gliga voulait revenir habiter de force à la résidence de son ex.
Les parties présenteront une suggestion commune en avril prochain. Me Charles Montpetit défend le délinquant.